* L'auteur, un jeune nigérian, étudiant en Grande-Bretagne, affirme avoir des liens avec Al-Qaïda * Sécurité renforcée dans les aéroports européens * La lutte antiterroriste, en question Le Temps-Agences - Un jeune Nigérian, qui affirme avoir des liens avec Al-Qaïda, a tenté de faire détoner un engin explosif à bord d'un avion de ligne américain entre Amsterdam et Detroit (nord) vendredi, avant d'être maîtrisé par des passagers. L'auteur des faits est, selon plusieurs médias, un Nigérian de 23 ans, Abdul Farouk Abdulmutallab. Il se serait présenté au FBI comme ayant des liens avec Al-Qaïda. Il a été arrêté après que l'appareil, un Airbus A 330 assurant un vol Northwest Airlines (filiale de Delta) entre Amsterdam et Detroit, s'est posé avec ses 278 passagers. La police britannique a de son côté annoncé hier effectuer des perquisitions à Londres dans le cadre d'une collaboration avec les autorités américaines. Selon plusieurs médias, le jeune Nigérian serait étudiant en ingénierie à l'University College London (UCL), ce que l'établissement n'a immédiatement ni confirmer ni démenti. La tentative a causé des blessures légères à quelques passagers et Abdulmutallab a été plus grièvement brûlé. Il aurait collé, sur sa jambe, de la poudre explosive qu'il voulait faire exploser en la mélangeant avec un liquide contenu dans une seringue, selon le New York Times. D'après CNN citant un document des services de sécurité, l'homme a indiqué aux enquêteurs avoir acquis l'explosif au Yémen et y avoir reçu des ordres sur quand l'utiliser. Selon des médias citant des responsables antiterroristes, l'hypothèse pour l'instant privilégiée est qu'il ait agi seul. De même source, l'homme figurait sur une liste de personnes à surveiller. Il n'était toutefois pas considéré particulièrement actif et il ne lui était pas interdit d'embarquer à bord d'un vol pour les Etats-Unis. Le président américain Barack Obama, en vacances à Hawaï, a été informé aussitôt et a donné l'ordre de prendre "toutes les mesures nécessaires" pour renforcer la sécurité aérienne. La tentative d'attentat s'est produite 20 minutes avant l'atterrissage, peu avant 12H00 (17H00 HT), à la fin d'un vol de quelque neuf heures. Les passagers ont raconté avoir maîtrisé en quelques instants le suspect après avoir vu du feu dans l'appareil. "Il y a eu un boum", a raconté l'un d'entre eux, Syed Jafry, interrogé par CNN. "Après quelques secondes, il y a eu un peu de lumière, comme venant d'une flamme, et puis on a vu du feu (...). Tout le monde s'est rué vers la zone en essayant d'utiliser de l'eau, une couverture, un extincteur". "Un jeune homme, trois ou quatre rangées derrière moi, s'est occupé du suspect. Il y a eu un peu de lutte. (...) Il l'a maîtrisé avec l'aide de l'équipage, ils l'ont isolé". Le suspect était en transit à l'aéroport d'Amsterdam, a affirmé à La Haye une représentante de la police néerlandaise. ---------------------------------------- Sécurité renforcée dans les aéroports européens Le Temps-Agences - Les aéroports européens ont renforcé leurs contrôles de sécurité, hier, pour les avions en partance pour les Etats-Unis au lendemain d'une tentative d'attentat à bord d'un avion reliant Amsterdam à Detroit. Les autorités françaises, britanniques, allemandes, italiennes, espagnoles et néerlandaises ont encore renforcé les contrôles des passagers et les mesures de sécurité déjà accrus pendant la période des fêtes de fin d'année. Ces mesures font suite à une demande officielle du département américain des Transports aux aéroports du monde entier après la tentative d'attentat déjouée le jour de Noël à bord d'un vol de Delta Air Lines reliant Amsterdam à Detroit. En France, les autorités ont appliqué dès hier matin les consignes de renforcement des mesures de sécurité envoyées dans la nuit par la FTA américaine (Federal transit administration). Ces mesures comprennent une fouille accrue des bagages et une palpation corporelle des passagers au moment même de l'embarquement, a-t-il précisé. A Rome, où se trouve le sixième aéroport européen en termes de fréquentation, la direction de l'aviation civile, ENAC, a confirmé qu'elle avait ordonné un renforcement des mesures de sécurité pour tous les vols à destination des Etats-Unis. A Madrid, les passagers ont reçu pour instruction d'enregistrer le plus possible de bagages afin de réduire les bagages à main emmenés en cabine, a déclaré un responsable d'une compagnie aérienne américaine. Pour tous ceux qui se rendent aux Etats-Unis au départ des aéroports britanniques de Heathrow ou de Gatwick, un seul bagage à main sera autorisé. Les passagers se rendant ailleurs qu'aux Etats-Unis ne sont pas concernés. ---------------------------------------- La lutte antiterroriste, en question Le Temps-Agences - L'attentat manqué du vol 253 met sous pression les responsables de la lutte antiterroriste aux Etats-Unis: les experts vont notamment devoir évaluer si la mixture utilisée dans la tentative d'attentat, qui n'avait pas été détectée lors des contrôles mais n'a pas non plus fait exploser l'avion, constitue une nouvelle menace potentielle. Les enquêteurs vont devoir établir la véracité des propos du suspect, mais aussi comprendre exactement comment la poudre explosive a été fabriquée pour mesurer l'ampleur de la nouvelle menace pour la sécurité aérienne. En 2006, un projet d'attentats visant à introduire à bord d'avions des explosifs liquides dissimulés dans des bouteilles de boissons avait été déjoué par la Grande-Bretagne. L'affaire avait abouti à de nouvelles mesures de sécurité dans le transport aérien, de strictes restrictions sur les gels et liquides transportés dans les bagages à main étant désormais appliquées. Il va falloir déterminer si et de quelle manière ces règles doivent être encore renforcées, sachant que la mixture a pu être introduite à bord de l'avion sans avoir été décelée malgré les progrès technologiques des détecteurs et contrôles. D'après les responsables de la sécurité américaine, le suspect est apparu gravement brûlé aux jambes, laissant penser que l'explosif avait été attaché à cet endroit. Les différents composants de la mixture ont semble-t-il été mélangés pendant le vol et comprenaient une substance poudreuse, selon plusieurs responsables des forces de sécurité et de l'antiterrorisme.
C'est la première fois depuis l'épisode du "shoebomber" qu'une personne tente de faire exploser une bombe à bord d'un avion américain. Le 22 décembre 2001, presque huit ans jour pour jour avant cette nouvelle tentative, Richard Reid avait pu monter à bord d'un vol Paris-Miami avec des explosifs dissimulés dans ses chaussures, qu'il avait vainement tenté de faire sauter en plein ciel.