-Les médecins doivent bien dégager les premières constatations cliniques pour proposer la prise en charge thérapeutique la plus adaptée. Les services d'urgences constituent les premiers points d'accueil des malades et de leur prise en charge initiale. Ces services se sont progressivement structurés en terme d'organisation architecturale, en termes de personnel et de moyens techniques. On assiste parallèlement à la naissance d'un enseignement spécifique de la médecine d'urgence. D'où l'intérêt de cette 5ème rencontre des SAMU de Tunisie organisée à Yasmine Hammamet par la Société Tunisienne de médecine d'urgence qui vise à restructurer, réorganiser et mettre à niveau les soins dans nos urgences.
En Tunisie, les structures de santé doivent répondre aux impératifs de qualité. Dans le contexte actuel de mondialisation et de mise à niveau dans les différents secteurs du pays, la qualité des soins est perçue comme une priorité stratégique et un véritable challenge des années à venir. Pourquoi un programme de contrôle continu de la qualité en médecine d'urgence pré hospitalière ?
Le Professeur, Mounir Daghfous, chef de service au SAMU du Nord Est a précisé que « Les services d'aide médicale d'urgence souffrent fréquemment d'un déficit ressenti ou réel. Le réflexe naturel des gestionnaires de santé est de demander plus d'argent aux malades et d'en donner moins aux médecins. Il est ainsi indispensable pour les médecins d'évaluer et de quantifier leur pratique pour répondre à une double exigence : garantir des soins de qualité comme le demandent les malades et justifier l'utilisation des ressources allouées à la médecine comme le demandent les gestionnaires de santé. Ce dilemme est à l'origine du développement des démarches qualité qui permettent de répondre à cette double exigence. En médecine d'urgence pré-hospitalière (SAMU) spécialité en plein essor en Tunisie, le terrain est encore vierge et se prête bien au processus d'évaluation et d'amélioration de la qualité. Cette réflexion passe par un effort pédagogique d'explication des avantages de cette démarche auprès du personnel soignant, cibler des indicateurs réellement influents sur le bon fonctionnement du service et l'assurance au préalable des moyens humains et matériels pour la réussite de cette démarche » L'équipe médicale du service urgences CHU F.Bourguiba de Monastir a démontré que l'évaluation de la performance d'un service d'urgence se base sur plusieurs indicateurs. Ces indicateurs explique Dr.Nouira sont « Des indicateurs subjectifs : satisfaction des patients et des accompagnateurs. Un travail réalisé au service des urgences de Monastir a montré un taux de satisfaction supérieur à 60% avec une qualité d'accueil jugée correcte à 80%. Des indicateurs objectifs : durée d'attente avant l'examen médical et la durée de passage au service. Parmi les moyens qui permettent une meilleure performance, il y a la qualité de triage des patients qui a pour objectif d'adapter le délai de prise en charge à la gravité du cas du patient. Ceci rend compte de l'intérêt d'une échelle de triage répondant à cette exigence et permettant d'améliorer la qualité des soins dans un service d'urgences »
L'urgence coronaire : un enjeu majeur de santé publique Le syndrome coronarien ou coronaire aigu constitue une urgence diagnostique et thérapeutique. Elle est la deuxième cause de mortalité en France comme l'a expliqué Pr.Patrick Goldstein, coordinateur du Pôle d'urgence et chef de service du SAMU régional de Lille « L'urgence coronaire reste un enjeu majeur de santé publique au cours duquel gagner du temps est un réel challenge dit-il . Dans ce but, le domaine des syndromes coronariens s'est considérablement simplifié ces dernières années grâce à une meilleure connaissance physiopathologique ayant pour effet d'optimiser la prise en charge initiale. Elle est basée sur des éléments cliniques comme la caractéristique de la douleur thoracique (persistante ou non ) et les résultats de l'électrocardiographie. Ce qui permet de proposer rapidement une prise en charge thérapeutique plus adaptée. Le syndrome coronaire est l'affaire de tous car il faut agir à tous les niveaux de la chaîne de prise en charge : du patient tout d'abord ou de son entourage dans une véritable stratégie pédagogique de l'alerte, c'est une exigence d'une collaboration étroite entre les médecins de l'urgence et les cardiologues dans la mise en place de protocoles simplifiés. La seule bonne stratégie - étant en fin de compte - celle qui s'applique à tout le monde, n'importe où, avec les meilleurs résultats et au moindre coût »
Pour une bonne prise en charge de l'accident vasculaire L'accident vasculaire cérébral (AVC) est devenu un problème majeur de santé publique puisqu'il comme l'a montré Dr. Mounir Grira ( service de neurologie CHU Sousse ) : « Il cumule chez l'adulte la première cause de handicap acquis chez l'adulte, la deuxième cause de démence, la troisième cause de mortalité et constitue une des causes majeures d'admission dans les services d'urgence et une des maladies chroniques les plus coûteuses. Des progrès sont apparus pour la prise en charge de l'accident vasculaire cérébral,devenue un enjeu sur le plan de l'organisation des soins hospitaliers inter-hospitaliers,centrée sur une unité thérapeutique efficace,située au sein d'une filière hospitalière appelée : unité neuro-vasculaire. La désobstruction artérielle par fibrinolyse au rt-Pa effectuée dans une fourchette thérapeutique très brève de moins de trois heures, a largement démontré son efficacité en diminuant de 20% les séquelles déficitaires. Tous les appels au centre de régulation du SAMU 190 doivent être soumis à un protocole de régulation établi conjointement par les urgentistes et les neurologues de l'unité neuro-vasculaire ayant pour objectifs de déterminer l'éligibilité à la thrombolyse et optimiser les délais d'acheminement vers l'unité neuro-vasculaire de la région » Kamel Bouaouina
Le Professeur Mounir Daghfous : « Il est indispensable pour les médecins (et notamment les 'urgenciers') d'évaluer et de quantifier leur pratique pour répondre à une double exigence : garantir des soins de qualité comme le demandent les malades et justifier l'utilisation des ressources allouées à la médecine comme le demandent les gestionnaires de santé. »
Le Professeur Patrick Goldstein : « La seule bonne stratégie - étant en fin de compte - celle qui s'applique à tout le monde, n'importe où, avec les meilleurs résultats et au moindre coût »
Le Professeur Mounir Grira : « L'accident vasculaire cérébral (AVC) cumule chez l'adulte la première cause de handicap acquis chez l'adulte, la deuxième cause de démence, la troisième cause de mortalité et constitue une des causes majeures d'admission dans les services d'urgence et une des maladies chroniques les plus coûteuses.