Wilfrido Parcto le célèbre sociologue italien de la fin du 19e siècle en distinguant les élites "ascendantes" des élites "descendantes" n'avait pas tort. Ce penseur nous enseigne que les élites ascendantes sont celles qui aspirent au commandement politique et sont dotées pour cela de sortes de "résidus" ou "gènes" qui les portent au leadership. Erdogan est bien de cette lignée. Nous sommes en présence d'un homme de commandement un homme de caractère héritier d'une longue tradition de pouvoir et d'honneur et surtout de Mustapha Kamel Ataturk (père de la Turquie) fondateur de la Turquie moderne. En effet, la Turquie après les assauts réformateurs du général Ataturk qui a ramené l'empire Ottoman malade à sa nouvelle vocation celle d'une République laïque dotée d'un régime parlementaire pluraliste et démocratique, s'est attachée à construire une société plus proche des notions libérales développées de l'Occident que des sociétés archaïques musulmanes. Il a fallu bien des décades pour arracher, souvent dans la douleur, la Turquie à son passé médiéval et à ses structures sociales et mentales anciennes. La Turquie s'est industrialisée. Elle a modernisé son armée qui a intégré l'Otan, et s'est dotée d'institutions politiques similaires aux plus vieilles démocraties occidentales. Elle a eu certes beaucoup de bons leaders de Meudaris à Onounou, la Turquie a traversé allègrement le siècle dernier malgré quelques accidents de parcours inévitables... l'arménie... Chypre et surtout le nationalisme armé Kurde. Malgré les rétentions du fait de l'héritage culturel traditionnel toujours vivace, la Turquie a fait des pas importants vers l'Europe nationaliste et démocratique. Cependant l'arrivée au pouvoir du Parti "Justice et progrès" proche des islamistes n'a pas beaucoup plu aux partenaires occidentaux et encore moins à leurs "alliés stratégiques" dans la région, alors que la Turquie était à un pas des portes de l'Union Européenne. De la France de M. Sarkozi à l'Allemagne de Mme Merkel pourtant clair voyante prudente et très sensible à l'intégration de la Turquie à l'Europe, vu la grande et influente communauté turque en Allemagne, la "croisade" anti-turque allait s'engager tambour battant ! Du coup toutes les promesses à la Turquie devenaient problématiques. De l'adhésion intégrale, on est arrivé à parler de l'adhésion "statut de partenaire privilégié". Les Turcs étaient sidérés par ce revirement total. Les justifications invoquées ne convainquent personne, surtout pas les Turcs. A la base une "peur" de cette Turquie bien musulmane dont la population dépasse celle de l'Allemagne et qui pose un problème d'intégration à l'environnement culturel et civilisationnel de l'Europe chrétienne. On invoque même plus, la nécessité de combler les déficits démocratiques et les droits de l'homme, ni la reconnaissance de chypre unifiée par la Turquie comme préalables à l'adhésion. La Turquie est "renvoyée" tout simplement à son espace géographique original : l'Asie et le Moyen Orient ! Mais l'histoire de la Turquie renaissante ne peut pas s'arrêter là. Par une osmose dont elle a seule le secret, la Turquie relève le défi avec la naissance d'un grand destin, un véritable stratège des temps modernes : Erdogan ! Nous y reviendrons !