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Quand la Révolution culturelle confisque la Révolution !
Mémoire du temps présent
Publié dans Le Temps le 17 - 06 - 2012

Sommes-nous en train de passer à côté d'une grande aventure celle qui a permis aux peuples développés politiquement d'être ce qu'ils sont aujourd'hui et que nos yeux observent avec l'envie des déclassés ou des « damnés » de la terre, ce que Frantz Fanon décrivait si bien !
Je me rappelle des regards hagards et perdus des citoyens Polonais du temps de Jaruzelski et avant que Lech Walesa et sa « Solidarnoj » finissent par libérer ce peuple merveilleux mais asservi par le Stalinisme et le pacte de Varsovie. J'ai visité la Pologne de ces temps là à plusieurs reprises, et j'ai en mémoire ce sentiment de détresse et d'amertume des braves gens de Varsovie, de Kracovie, des lacs Mazouri et des campagnes polonaises, qui s'adonnaient à l'alcool et aux cigarettes pour oublier leurs conditions d'existence comparées à celle des pays voisins de l'Europe occidentale démocratique et sociale comme l'Allemagne, si proche, ou l'Autriche si prospère.
Un ami universitaire du nom d'André Shedlevski que j'ai connu à Paris se lamentait, à cette époque, en ces termes : « La Pologne n'a pas de chance me disait-il... qu'est-ce que l'Allemagne a de plus que la Pologne... ! Rien ! à part la démocratie et le respect des lois ! »
Aujourd'hui, mon ami est « libéré » et coule des jours heureux ! La Pologne fait partie de l'Union Européenne. C'est une démocratie et elle exporte même des biens, des services et des produits agricoles transformés à toute l'Europe y compris l'Allemagne.
Je suis revenu à ces images qui ont marqué aussi ma vie et pas seulement celle d'André, parce que mon pays et sa jeunesse qui ont rêvé d'un destin équivalent au moins à celui de la Pologne, se trouvent aujourd'hui, après une merveilleuse Révolution toute en « jasmin », bloqués par une toute autre Révolution, cette fois « culturelle » et religieuse, qui peut nous ramener aux mauvais souvenirs de la Chine d'avant le grand Deng Xiao Ping !
C'est bien triste et même amer de nous retrouver avec un projet de transformation radicale, mais à reculons, de notre pays vers une nouvelle « République califale » de type médiéval qui peut nous valoir un nouveau siècle de décadence ! Alors qu'en Pologne personne ne regrette M. Jaruzelski et les bottes staliniennes, la Tunisie vit aujourd'hui un frémissement et même un appel à un nouvel autoritarisme ! Depuis Aristote en passant par Machiavel, Hobbes et Alexis de Tocqueville, les peuples de la terre donnent la préférence à la « sûreté » et à la sécurité au détriment, si nécessaire, de la liberté et même de la justice.
Au nom de l'Islam radical, des extrémistes veulent imposer à ce pays et son peuple déjà fragilisé par 23 ans de dictature corrompue, une « révolution » culturelle religieuse pour nous installer dans un mode de vie rétrograde qui n'a pu survivre chez nos « frères » du Moyen Orient que grâce aux milliards de pétro-dollars, que malheureusement ou heureusement nous n'avons pas ! Aucune « Révolution » des pays du Golfe arabe ou persique, n'a pu survivre sans la manne pétrolière ! C'est que les Révolutions qui contrairement à celles des pays de l'Est Européen comme la Pologne, la Roumanie, la Tchéquie ou la Slovaquie, s'engagent non pas vers la réforme démocratique apaisée, mais vers la cassure de tout le socle ancien et la construction d'un modèle « culturel » et « religieux » extrême, ne peuvent résister sans avoir les moyens d'une telle entreprise. Seuls les pays riches en pétrole comme la Libye, l'Iran et l'Irak ont pu se payer « une Révolution culturelle » à base idéologique de gauche, ou religieuse très marquée.
La Tunisie n'a ni les pétro-dollars, pour remplir les caisses qui se vident du fait du laisser-aller général, des perturbations de la production et de la paix sociale, ni l'envie de « souffrir » davantage et d'assumer plus de martyrs et de blessés pour être à nouveau « réislamiser » alors que nous le sommes depuis l'an 50 de l'Hégire. Notre pays et notre peuple sont pacifiques tolérants et laborieux. C'est notre capital renouvelable depuis la nuit des temps. S'acharner à nous assourdir les oreilles pour nous dire que nous « sommes en Révolution » et ce pour justifier une révolution culturelle extrémiste et religieuse, c'est tout simplement confisquer la Révolution, la vraie et la détourner de son but initial d'instaurer une démocratie sociale-libérale aux normes universelles qui sont qu'on le veuille ou pas... Occidentales ! Après les Polonais, les Turcs l'ont compris. Erdogan n'a jamais emprunté la voie de la croisade de la « réislamisation » de la Turquie, qui est, soit dit en passant plus laïcisée que la Tunisie. Erdogan a continué l'œuvre de Kamel Attaturk et n'a pas touché à une des valeurs fondamentales de la Turquie moderne où l'Islam passe presque inaperçu, parce que vécu comme une culture simple et personnalisée. En Turquie le peuple et le gouvernement sont islamiques mais pas l'Etat. C'est toute la différence avec nos islamistes à nous, qui nous assomment avec des déclarations du genre : « Le peuple a peur... pour son Islam » pour justifier l'application de la Chariâa!
Depuis quand l'Islam a-t-il été en danger en Tunisie ! Depuis quand a-t-on empêché quelqu'un de faire ses prières, de jeûner le Ramadan ou d'aller au Haj (pèlerinage) ! C'est un « danger » virtuel inventé de toute pièce pour justifier la mainmise sur la société comme ce fut le cas avec Ben Ali qui voyait des « terroristes » partout. A notre avis, la Tunisie a autant d'atouts que la Pologne et la Turquie sinon plus. Nous voulons rompre définitivement avec le passé totalitaire et la pensée unique. L'Islam n'a jamais été une idéologie de l'absolutisme, mais un message de liberté, de fraternité et d'amour.
La Révolution culturelle « islamiste » qu'on veut imposer à notre peuple n'est plus à l'ordre du jour dans un monde qui se bat pour le progrès technique et la liberté. Notre pays est musulman depuis Okba Ibn Nafâa et la fondation de Kairouan. Vouloir « réislamiser le pays » c'est tout simplement confisquer la Révolution de la liberté et de la dignité. Le moins qu'on puisse offrir à nos martyrs c'est une démocratie digne de ce nom... une démocratie des temps modernes et non du Moyen-âge !


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