Une réunion internationale s'est tenue, hier à Londres, pour soutenir le Yémen dans la lutte antiterroriste. L'attentat manqué contre le vol Amsterdam/Détroit, la nuit de Noël, a en effet mis le Yémen au centre de l'intérêt international. L'ouverture d'un troisième front est la conséquence de l'implantation d'Al-Qaïda dans ce pays, confronté déjà à une rébellion zaïdite au nord et à une insurrection au sud. Il y a par conséquent un risque sérieux de partition du " Yémen bienheureux " d'antan. Ce pays est également voisin d'un pays en pleine instabilité, la Somalie, et est aux confins d'une zone maritime, le Golfe d'Aden, centre de la piraterie des temps modernes. C'est une donne des plus compliquées devant laquelle est confronté le régime yéménite et il serait difficile d'imaginer une solution face à une situation aussi inextricable. Ceci rappelle forcément le paysage politique afghan, un pays où les Occidentaux peinent à trouver de solutions viables. Le tribalisme et une géographie très particulière " rapprochent " également le Yémen de l'Afghanistan. Si les Etats-Unis pensent rééditer l'expérience afghane au Yémen, le résultat ne serait que négatif parce qu'il devrait s'agir d'une "recette" en décalage avec les réalités d'un pays comme le Yémen, qui a plutôt besoin d'une réelle solidarité arabe et islamique pour ramener ses différents protagonistes à la table des négociations. Une implication positive de pays comme l'Arabie Saoudite et l'Iran pour trouver, au moins, un «deal» avec les rebelles zaïdites, serait salutaire. Quant aux propositions occidentales "d'aide financière substantielle"conditionnée par la «nécessite de transparence» ou de «lutte contre la corruption» et autres formules "prêt-à-porter", ne seraient que chimères et vœux pieux. Mounir JOMNI