Le froid vif accompagne souvent la célébration de la fête des amoureux le 14 février, en Tunisie et partout ailleurs dans le monde, et par un curieux hasard, cette période est dédiée dans le calendrier agraire tunisien à une vieille femme martyre de sa flamme amoureuse. Ce froid est en effet appelé ‘'le froid de la vieille'' dans le calendrier agraire tunisien. Or, d'après ce que des commentateurs tunisiens nous ont raconté, cette vieille à laquelle est associé le froid de ces jours de février, est une vieille femme des temps passés qui avait sept fils mais elle avait perdu, entre temps, son mari et compagnon de route. Souffrant de solitude et aspirant à plus de chaleur amoureuse, elle demanda à ses fils de lui chercher un autre époux et de la remarier. Cependant, ses garçons prirent sa requête pour du dévergondage et afin de la punir, ils l'exposèrent, toute nue, dans un bois proche, par le froid de l'hiver, durant sept jours consécutifs et ils se relayèrent pour la surveiller, de sorte qu'au bout de ces sept terribles jours, la pauvre vieille femme rendit l'âme et mourut en victime expiatoire de son sentiment amoureux. Une éducation amoureuse à l'école A cet égard, nos commentateurs se félicitent de l'importance accrue prise par cette fête populaire des amoureux, déplorant l'absence d'une grande implication de la société civile et du tissu associatif à l'animation de l'évènement. Un citoyen relève, à ce propos, qu'en Tunisie et ailleurs, la manifestation reste confinée à son niveau populaire élémentaire ( échanges de cadeaux et de cartes de vœux) et se dégrade même par l'accent mis sur ses aspects commerciaux, alors qu'elle pourrait être une grande occasion sociale ‘'pour éduquer et initier sérieusement les jeunes des deux sexes à l'amour, au mariage et à la vie du couple, à tous les plans physiologique, organique, psychologique et social.'' Dans cet esprit, un commentateur a signalé que l'amour est le pilier de la vie et certains penseurs sont allés jusqu'à voir dans l'attraction amoureuse le principe premier de l'existence dans son ensemble ; toutefois, la relation amoureuse reste la chose la moins comprise, sans quoi il n'y aurait jamais eu de conflits ni conjugaux, ni sociaux. Et l'éducation sexuelle ? Un autre commentateur a noté que l'éducation amoureuse et sexuelle n'est pas encore inscrite dans les programmes scolaires au moment où l'amour est le thème essentiel des poèmes que les élèves étudient quotidiennement en classe, et des chansons que les jeunes écoutent, en permanence, à la Radio et à la Télévision, mais il est traité dans ces poèmes et chansons d'une manière ‘'fantaisiste'' et ‘'traditionaliste'' qui nuit davantage à la cause de l'amour. Les jeunes ont plutôt besoin d'être informés des connaissances scientifiques et objectives intéressant les relations amoureuses et sexuelles, a-t-il dit, en insistant sur la nécessité d'accorder l'intérêt requis aux aspects sociaux de la question comme le problème de la fidélité et de la liberté sexuelle. Ainsi, a-t-il souligné, après avoir été longtemps regardée comme une valeur suprême et un droit individuel, la liberté sexuelle totale est, aujourd'hui, remise en cause, compte tenu des graves dommages provoqués par la promiscuité sexuelle, sur le plan social, comme la propagation des maladies sexuellement transmissibles. Quoique représentant une contrainte, la fidélité devient préférable pour son utilité publique. La grande question est de savoir dans quelle mesure les rapports amoureux et sexuels, y compris les rapports du mariage, peuvent être régis par les lois et les cadres juridiques. L'adultère est puni par la loi dans certaines sociétés, comme les sociétés musulmanes, mais il échappe à la sanction juridique dans d'autres sociétés, comme en Occident. Par contre, l'union libre entre homme et femme appelée ‘' concubinage'' est élevée juridiquement au statut de mariage dans les pays occidentaux et devient contraignante, sous certains aspects. Certains défendent la liberté sexuelle totale mais récusent et condamnent la polygamie. Ainsi, l'amour est quelque chose de très sérieux pour être abandonné en pâture à l'unique fantaisie des poètes et des chanteurs, si belle et stimulante comme l'amour, soit-elle.