L'Institut Arabe des chefs d'entreprises a traité hier d'un sujet devenu récurrent depuis la crise : le salaire des chefs d'entreprises et des cadres supérieurs, au privé, comme au public. Autant dire que l'on s'est quelque part attaqué à un tabou : le salaire d'un ministre, ou celui d'un PDG, cela a toujours fasciné. Quant aux patrons des entreprises familiales, l'idée diffuse est qu'ils sont dans leur droit de puiser à l'envi dans la caisse alors que les mécanismes sont autrement complexes. En fait les gros bonnets ne peuvent pas se permettre tout : on ne les laisse pas dilapider leur capital et mettre les employés de l'entreprise à la rue. Chez nous, la stabilisation d'une classe moyenne au niveau de vie respectable, l'accès de 80% parmi nos citoyens à la propriété privée et la banalisation de la voiture personnelle auront " dédiabolisé " l'argent autant qu'ils ont tempéré, dans l'imaginaire social, les connotations jadis péjoratives du mot " riche "... Maintenant le mot " riche " est plutôt amputé de son " contraire " et cela fait qu'il se dilue ou qu'il devienne relatif. Pour autant, le souci de transparence dans la gestion des entreprises, la préservation des deniers publics et la chasse aux créances accrochées auprès des banques, ne laissent pas de brèches aux dérives, en tous genres : détournements, évasions fiscales, abus de biens privés ou de biens publics. La libre entreprise est naturellement exposée aux risques. Sinon, elle se renferme dans l'opacité surtout lorsqu'il s'agit d'entreprises familiales. Il est donc normal que les gros bonnets du privé soient mieux rémunérés que les hauts cadres de la nation. Entre les deux, néanmoins, un Etat régulateur veille aux équilibres sociaux, d'abord. Oui, pour le libéralisme économique. Oui, pour l'entreprise. Oui, pour une fiscalité moins cœrcitive. Mais l'essentiel, c'est la création de richesses, sans pour cela diaboliser les riches. Car les slogans populistes fustigeant " le capital " et stigmatisant les " riches ", n'auront pas enrichi les pauvres. La dormeuse de Marx ne prend plus.