Pour choquer, elle est choquante, et pour induire un sens, elle est tombée à côté de la plaque, car la vérité c'est qu'il faut pousser pour voir le rapport. « Moralisme » mis à part, la nouvelle campagne publicitaire, menée par l'association française des Droits des non-fumeurs (DNF), a créé du remous, et pas que du remous parce qu'elle s'est appuyée sur des images très équivoques, dont il faut bien avouer qu'elles s'avèrent complètement déphasées dans le décor, et surtout, outrageusement inopportunes. Dans la mesure où il ne s'agit point d'une campagne pour la prévention sexuelle, mais d'une campagne anti-tabac. Un pas est vite franchi pour signifier, via les images interposées, que fumer, c'est aussi être réduit à l'état d'esclave. D'où le parallèle établi entre deux situations, qui n'ont à priori, rien à voir l'une avec l'autre. Mais si le but est juste de choquer, l'objectif a certainement été atteint puisqu'il est question que la secrétaire d'Etat française à la famille Nadine Morano, demande l'interruption de cette campagne « en titre de l'outrage public à la pudeur ». Il est vrai que la légende : « Fumer, c'est être l'esclave du tabac » qui accompagne les images, se charge de remettre les pendules à l'heure s'il en est, mais il n'en demeure pas moins que le choix de ces images, qui n'est évidemment ni fortuit, ni innocent, ne fait pas dans la dentelle d'Alençon. Et détourne le regard de l'essentiel. En ce sens, le message ne parvient pas à sa cible, et perd donc de sa vocation en chemin. Et de sa crédibilité à rebours. Il pose surtout, sur un autre front, un dilemme crucial en matière de liberté d'expression. Le « il est interdit d'interdire » ici, en prend un sacré coup. Mais au-delà des Pyrénées etc., ce serait une autre paire de manches. Alors, retirer ou ne pas retirer ces images ? Question piège. Plutôt, est-ce que ces images vous parlent… du tabac et de ce qu'il en coûte ? Perplexe ? Nous aussi…