Qu'ils aient appris à fumer à l'âge de l'école de base, pendant leur adolescence ou après le baccalauréat, les jeunes doivent impérativement comprendre que ce n'est pas du tout dans leur intérêt de continuer à le faire. Comment doit-on s'y prendre pour être efficace dans les campagnes anti-tabagiques visant les nouvelles générations. Ce n'est sans doute pas avec les interdictions violentes, ni avec les leçons de morale qu'on aboutira aux meilleurs résultats. En cette année de lutte contre les méfaits du tabagisme et pour contribuer concrètement à la diminution du nombre des fumeurs en Tunisie, de très nombreuses activités ont été programmées notamment dans les établissements scolaires et universitaires de tous les gouvernorats du pays. Dans le détail, on a partout organisé des séances de culture anti-tabagique, d'information et de sensibilisation aux dangers du tabac, des expositions de supports multiples, des débats autour de la nécessité de renoncer à cette désastreuse manie, des réunions avec les parents d'élèves et avec les éducateurs, des conférences, des séances d'animation-radio, des tournées médicales générales, des consultations gratuites, des journées de formation et de sensibilisation à l'adresse des cadres médicaux et paramédicaux, des spectacles et des projections traitant du tabagisme et enfin des comptes-rendus d'enquêtes menées sur le sujet par des spécialistes ou par de jeunes lycéens. Mais nous avons été véritablement impressionnés par le plan d'action élaboré au sein du ministère de la Santé publique par la Direction de la médecine scolaire et universitaire. Il comporte en effet un ensemble de propositions concrètes dont l'efficacité nous semble garantie. Sollicitant la contribution d'autres intervenants du ministère de l'Education et de la Formation, du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie, du ministère de la Jeunesse et de l'Education physique, du ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées, des associations de la société civile en rapport avec le milieu éducatif, et enfin celle des divers organes d'information et de communication du pays, ce programme vise la population des collèges, lycées et universités mais également les enseignants, les cadres et agents administratifs et toutes les personnes et structures qui interviennent dans les milieux scolaire et universitaire.
Les actes avant les discours Parmi les mesures urgentes à prendre dans le cadre de la campagne prévue pour l'année scolaire 2009-2010, nous avons retenu en particulier la nécessité d'interdire la vente des cigarettes aux mineurs notamment devant les établissements scolaires relevant du ministère de l'Education et de la Formation. La même mesure est à appliquer à l'intérieur des buvettes autorisées dans les facultés, les Instituts supérieurs, les lycées et les collèges. Le cahier des charges signé par les gérants de ces locaux doit impérativement mentionner cette interdiction formelle à l'application de laquelle il faut veiller le plus scrupuleusement et le plus régulièrement possible. Les enseignants et le personnel administratif sont par ailleurs appelés à donner l'exemple en s'abstenant eux-mêmes de fumer, au moins à l'intérieur de leurs établissements respectifs. Inscrire la campagne anti-tabac dans certains programmes scolaires tels l'éveil scientifique, les sciences de la vie et de la terre, l'éducation civique et religieuse, les séances de sport etc. On souhaite également que les différents clubs de chaque établissement participent activement à la prévention contre le tabac et ses méfaits. Parallèlement aux musiques diverses diffusées par les radios scolaires pendant les récréations, il faut programmer la lecture de proverbes, d'adages, de données statistiques, de conseils médicaux et de slogans anti-tabac. Récompenser les élèves et étudiants qui ont arrêté de fumer et ceux qui ont régulièrement contribué aux campagnes de sensibilisation et d'information est une autre bonne initiative à prendre sans hésitation. Il faudrait aussi que les fêtes de fin d'année donnent lieu dans tous les établissements du primaire, du secondaire et du supérieur à des spectacles et à des activités diverses appelant les jeunes à bannir le tabac et à se préserver de ses catastrophiques effets. ------------------------------------ Pourquoi fument-ils ? A la lumière des résultats d'une enquête menée par les équipes de la Direction de la médecine scolaire et universitaire auprès d'un public d'élèves, d'étudiants et de jeunes membres d'organisations et d'associations tunisiennes, on constate que les principaux facteurs qui incitent cette population à la consommation du tabac sont dans l'ordre : * L'imitation des camarades * Les discours tentants des amis sur les bienfaits du tabac *Le besoin de défier les autres, en particulier le monde des adultes *Le sentiment d'être plus imposant à travers l'acte de fumer *L'influence du milieu familial *L'influence du milieu éducatif Chez les jeunes qui n'ont pas encore attrapé la manie du tabagisme, c'est l'absence de fumeurs dans leurs familles respectives qui a en premier favorisé cette saine attitude. Sinon, ils avancent aussi le fait qu'ils n'ont rien trouvé d'agréable à la cigarette. Les filles qui ne fument pas ont pris cette précaution soit par souci esthétique ou moral ou bien pour préserver leur image de marque auprès de la famille et de la société. ----------------------------------------- Les jeunes et la campagne anti-tabac Pour un discours plus " jeune " et des méthodes plus actualisées Nous avons remarqué, lors d'une récente visite au siège du ministère de la Santé publique, que de nombreux slogans figurant sur les posters, affichettes et autocollants contre le tabac utilisent une langue plutôt dialectale. Emanant d'une institution publique, ces formules nous ont paru contredire la consigne d'utiliser l'arabe littéraire dans les textes officiels. D'autre part, l'adoption d'un langage aussi bâtard dans une campagne qui ne vise pas prioritairement les illettrés ni les culturellement faibles, nous semblait inopportune dans un pays où le taux d'analphabétisme a considérablement baissé et où la majorité des citoyens comprennent parfaitement l'arabe des livres. De plus, l'engouement, devenu à la mode ces derniers temps dans presque tous les slogans publicitaires, pour le langage dialectal familier ne risque-t-il pas à la longue de faire croire aux jeunes générations que l'arabe littéraire n'est pas assez expressif ni suffisamment persuasif dans ce genre de supports communicatifs ? Nous avons fait part de nos interrogations et de nos inquiétudes à Mme Mounira Garbouj, directrice de la médecine scolaire et universitaire au ministère de la Santé publique, qui pense au vu des réponses obtenues dans le cadre de l'enquête effectuée par ses services, que les jeunes affectionnent ce type de discours qu'ils trouvent adapté à leur temps. " Ils en ont assez, ajoute Mme Garbouj, des formules classiques désormais ennuyeuses à leurs yeux. Ce qu'ils souhaitent, eux, c'est un discours plus jeune qui respire fraîcheur et nouveauté, des images qui les secouent vraiment sur le plan émotionnel. Les spots qui donnent la parole à des spécialistes les laissent plutôt de glace. Ils demandent d'autre part que la campagne anti tabagique utilise la technologie moderne et l'Internet en particulier pour toucher davantage de jeunes. " --------------------------------- Attention aux méfaits de la " chicha " L'autre jour et au cours d'une réunion avec le ministre de la Santé publique, une responsable du même ministère apprit aux journalistes présents qu'une dose complète de narguilé équivaut à 40 cigarettes. Ce chiffre peut paraître excessif, mais quoi qu'il en soit, les jeunes ont tout intérêt à craindre ce genre de tabac sur lequel ils colportent bien des préjugés favorables et qui est en réalité pire que n'importe quel autre. " Le chiffre qu'on vous a donné n'est pas faux, précise M.Mabrouk Nedhif, directeur de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement au ministère de la Santé publique. La chicha est en effet plus dangereuse pour la santé que le tabac ordinaire. Et puis dans le contexte épidémiologique actuel, c'est un facteur de transmission des maladies contagieuses comme la grippe A ou toute autre pathologie parfois mortelle. " Dans tous les cas, nous pensons que le tabac sous quelque forme qu'il se présente et à n'importe quelle dose qu'il est consommé doit être perçu par les jeunes et les moins jeunes comme une vraie calamité, comme un véritable désastre contre lequel il faut sévir, parce que -pour paraphraser un slogan du ministère de la Santé- si ne nous le combattons pas, il nous consumera !