L'Euro, la " seule " réalisation concrète du projet unioniste européen, se trouve dans la tourmente. Cette monnaie qui a vite survolé les autres devises internationales quelques mois après son lancement, début 2002, au point de rivaliser avec le dollar, connaît, ces jours-ci, une grave crise et suscite une méfiance accrue sur les places financières internationales. La faute à qui ? On l'impute à la Grèce, arguant que ses dirigeants, ont depuis quelques années, " maquillé " chiffres et statistiques pour cacher la réalité de la dette qui atteint, désormais, aujourd'hui, la faramineuse somme de 300 milliards d'euros. D'autres avancent un " complot " (ce n'est pas nouveau) de banques américaines, Goldman Sachs et autres qui ont, à travers des opérations financières complexes, dit-on, hypothéqué l'économie hellénique et l'ont poussée dans le gouffre ! Quelles que soient les raisons, réelles ou supposées, ce pays n'a pas encore reçu l'aide, naturellement escomptée de Bruxelles et des pays européens, dont notamment l'Allemagne, locomotive économique de l'UE. Où sont passés donc les engagements européens du Pacte de stabilité, censé freiner tout dérapage du déficit public dans les pays membres ? Pourquoi ni la Commission européenne à Bruxelles, ni la Banque centrale européenne à Francfort, n'ont pu empêcher, a priori, cette crise ? Si l'on sait que d'autres pays, qui pèsent économiquement " plus lourd " que la Grèce, et notamment l'Espagne, sont potentiellement menacés, on peut constater l'ampleur d'une crise monétaire qui risque d'engendrer un effet domino dans toute l'Europe. La solution à moyen et long termes pour le Vieux Continent sera, pour certains analystes, un " gouvernement économique fédéral ". Mais c'est là où le bât blesse car la démarche européenne a été au demeurant contradictoire. En créant l'Euro, l'UE a dissocié finances et économie. L'Euro est géré à Francfort et les politiques économiques budgétaires et fiscales restent, dans une large mesure, aux mains des capitales européennes. C'est le volet politique qui fait toujours défaut dans la construction européenne. On veut l'union, mais on est, en même temps, " jaloux " de sa souveraineté nationale. Un commentaire saurait résumer la situation, celui du " redoutable " spéculateur américain Georges Soros : " En créant l'Euro, l'Europe a mis les charrues avant les bœufs ".