J , la trentaine de fière allure. Le genre de personnes à qui on pourrait difficilement attribuer des qualificatifs ayant trait à la délinquance. C'est un commerçant, spécialisé dans la vente des produits laitiers. Il collabore avec plusieurs partenaires. Parmi ces gens figure le plaignant dans cette affaire. Au cours du mois de Mars 2008, H s'est dirigé au poste de police le plus proche de son domicile pour déposer une plainte contre inconnu déclarant que sa voiture a fait l'objet d'un vol. Le ou les voleurs ont brisé les vitres et ont subtilisé des papiers personnels ainsi qu'un carnet de chèques Quelques semaines plus tard, il a été informé qu'un chèque d'un montant de 5936 Dinars a été refusé par la banque pour absence de provisions. Ce chèque a circulé entre plusieurs personnes pour atterrir dans les caisses du receveur des recettes de finances. J , l'inculpé dans cette affaire l'a remis à quelqu'un . C'était le point de départ. Faisant le lien avec le vol de sa voiture, le plaignant a certifié que le chèque en question faisait partie du chéquier volé et par conséquent ce fut J qui l'a libellé et falsifié . Convoqué pour enquête J a avoué avoir remis le chèque en question à un tiers mais il a affirmé que ce chèque il l'a reçu de la part du plaignant dans cette affaire pour règlements de ses dettes. Lors de son interrogatoire, il a déclaré connaître le plaignant ainsi que son frère. Il était leur fournisseur en produits laitiers depuis l'année 2002 et que le chiffre d'affaire atteignait les 400 à 500 dinars par jour. Au départ les deux frères le payaient en espèces. C'est de temps en temps qu'ils lui donnaient un chèque. A la même période, les deux frères s'approvisionnaient également d'une autre usine de produits laitiers. Après quelque temps, le plaignant s'est trouvé face à des difficultés financières. Il n'arrivait pas à régler à temps la dite usine, ce qui a obligé cette dernière de rompre toute collaboration avec lui. Ceci a, bien entendu, obligé le plaignant de revenir à son premier fournisseur en l'occurrence J. La recette atteignait les 1000 Dinars par jour. Confronté à d'autres difficultés, le plaignant s'est trouvé encore une fois dans l'impossibilité de faire face à ses créanciers. Ce qui a obligé l'inculpé de lui demander d'arrêter les comptes entre eux. Il s'est avéré que le plaignant devait à J la somme de 5936 dinars. J prétend que le plaignant lui a remis le chèque en question libellé et signé. Il a totalement nié avoir volé ou falsifié quoi que ce soit. C'est dans le cadre des transactions avec ses collaborateurs qu'il a remis le chèque à un commerçant. Le chèque n'a été transmis de personne à personne pour finir entre les mains du receveur des finances. Dès qu'il a su que le chèque est retourné impayé, J a procédé au payement par espèces. Ce qui ne l'a pas empêché de contacter le plaignant dans cette affaire pour lui demander des explications. Ils se sont donné rendez-vous dans un café de la place pour discuter de ce problème. J a pris le soin de se faire accompagner de témoins pour qu'ils assistent à la discussion. Au cours de l'entretien, le plaignant a proposé à J de lui rendre le chèque contre la somme de 3000 Dinars et de clore l'affaire. Cette offre a été rejetée par l'inculpé. A la fin de l'enquête, la chambre de mise en accusation a traduit l'inculpé devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis pour répondre de vol et falsification d'un chèque. L'inculpé a comparu en liberté. Interrogé par le juge, il a réitéré ses déclarations faites lors de l'enquête préliminaire. Il a nié toute opération frauduleuse et a insisté pour dire que c'est lui qui a fait l'objet d'arnaque de la part du plaignant. Son avocat a repris l'affaire en revenant sur tous les détails. Il a transmis un dossier contenant les témoignages de tous ceux qui étaient au courant des problèmes financiers du plaignant. Il a demandé l'acquittement. L'affaire a été mise en délibéré