Le Temps-Agences- A quelques heures d'intervalle, la Chine a fait savoir hier qu'elle acceptait de prendre part à une nouvelle série de sanctions contre l'Iran et qu'elle va, en même temps, continuer d'œuvrer à une solution pacifique. Premier acte. Hier, tôt le matin, la Chine a fait savoir qu'elle acceptait de prendre part à des pourparlers avec les pays occidentaux sur une nouvelle série de sanctions contre l'Iran et que le président Hu Jintao assisterait ce mois-ci à Washington à un sommet multilatéral sur la sécurité nucléaire. Une déclaration qui ressemble à une évolution significative de la partie chinoise, qui repoussait précédemment les appels occidentaux en faveur de pressions concertées contre Téhéran. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a indiqué que Hu serait présent à la réunion de Washington. "La Chine accorde beaucoup de valeur à la question de la sécurité nucléaire et s'oppose à la prolifération nucléaire et au terrorisme nucléaire", a-t-il dit à la presse. Deuxième acte. Quelques heures plus tard, volte face, la Chine a de nouveau appelé à une "solution pacifique" du dossier nucléaire iranien, au moment où le négociateur de Téhéran se trouvait à Pékin. "Le programme nucléaire de la République islamique est totalement pacifique et évoquer des sanctions est une menace qui a montré, au cours de ces trente dernières années, qu'elle était inefficace", a déclaré à Téhéran le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, cité par l'agence Mehr. "Nous conseillons à tous les pays d'accepter les droits légitimes (de l'Iran) dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP) au lieu d'utiliser des méthodes erronées comme les sanctions et les pressions", a-t-il ajouté. Ces deux derniers jours, les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont fait monter la pression pour faire adopter rapidement de nouvelles sanctions internationales contre l'Iran, qu'ils soupçonnent de développer l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil. Mardi, le président américain Barack Obama a affirmé qu'il espérait l'adoption de sanctions dans les semaines qui viennent. L'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies, Susan Rice, a déclaré mercredi que la Chine, seul membre du conseil de sécurité de l'ONU jusqu'à présent opposé à un nouveau train de sanctions, avait accepté d'engager des "négociations sérieuses" à l'ONU avec les autres membres du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne) pour l'adoption de nouvelles sanctions. Mais hier, alors que le chef des négociateurs nucléaires iraniens, Saïd Jalili, était à Pékin pour des entretiens notamment sur le dossier nucléaire, la Chine a affirmé, comme elle le fait toutes les semaines, qu'elle continuait de privilégier une "solution pacifique". "Sur la question du nucléaire iranien, la Chine va continuer d'œuvrer à une solution pacifique", a dit Qin Gang, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Nous avons toujours poussé pour une solution pacifique et continuerons de pousser en ce sens", a-t-il poursuivi lors d'un point de presse régulier. Jalili, qui doit donner vendredi une conférence de presse, rencontrera lors de son passage à Pékin le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi, a précisé jeudi Qin Gang. Membre permanent du Conseil de sécurité et du groupe des Six (avec les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne) qui négocie avec l'Iran sur la question nucléaire, la Chine continue de privilégier le dialogue avec Téhéran, contre les Occidentaux et la Russie. Ces derniers soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire et estiment que le temps de nouvelles sanctions est venu. Mme Rice avait toutefois reconnu mercredi que le dossier était "complexe" et impliquait des pays qui ont "des perspectives différentes et des intérêts divergents". "Il faudra une négociation dure pour obtenir le texte le plus fort possible", avait-elle prédit. La Chine est devenue le premier partenaire économique de l'Iran, avec d'importants investissements dans le secteur pétrolier, profitant du retrait des Occidentaux après les sanctions internationales contre Téhéran.