Avant hier, je faisais mon marché, un couffin biodégradable à la main quand mon poissonnier que je n'ai pas vu depuis six mois me héla avec l'enthousiasme d'une sardine qui tombe sur un ver de terre. Il me salua avec le poignet, ses mains étant couvertes d'écailles et m'invita à choisir les yeux fermés parmi ses " produits " très frais. Déjà qu'avec les yeux grands ouverts, la confiance ne régnait point, je pensais au début que la pêche au congélateur était bonne. Mais les poissons sentaient l'iode matinale, les branchies toutes roses et les bouts d'algues sur la chair tendre. On ne peut plus séduit par ces poissons frais et sauvages, je me suis convaincu du sacrifice en achetant à tout va daurades, loups, crevettes et rougets de roche. Au moment d'honorer la douloureuse, mon poissonnier fit son total et avec un sourire de mérou renversé, il m'annonce le chiffre du miracle... 7 dinars, en tout et pour tout avec une langouste, certes de taille moyenne, en guise d'offre de la maison. Mais ce n'est qu'au moment de payer que mon poissonnier s'est écrié... Poisson d'Avril !