Il était temps que la plus ancienne et la plus prestigieuse des Ligues des Droits de l'Homme arabes et africaines, entrevoie une lueur de concorde, au bout d'un tunnel opaque, sombre et ténébreux. Il était temps que la sagesse transcende les passions exacerbées, qu'une perche soit tendue à une entité s'enlisant de jour en jour dans les sables mouvants de la vindicte, de la méprise et comme secouée par un irrépressible sentiment d'auto-destruction. Ce conflit " fratricide " entre membres de la Ligue des Droits de l'Homme aura assez duré. La mission de conciliation entre les composantes en conflit de la Ligue dont a été investi le doyen et homme sincère de la Ligue, Me Abdelwaheb El Béhi, n'était pas facile. Ainsi, a-t-il tenu des réunions séparées avec les protagonistes du conflit et plus précisément le " clan des plaignants " et la commission des cinq émanant du bureau directeur. Dès lors, les hautes turbulences ayant secoué la Ligue durant la dernière décade, ne tiennent pas à un conflit avec le pouvoir. Mais plutôt à des dissentions inter-structurelles et même, quelque part, organiques, ce qui revient finalement à un conflit de méthodologies pour le moins personnalisées. La composante idéologique y est-elle récurrente ? Si c'est le cas, le médiateur a obtenu auprès d'une partie le retour à la charte fondatrice de la Ligue comme repère essentiel pour le dialogue. L'intermédiation brise un carcan. Mais, à terme, la réunification de la Ligue sous la même bannière fondatrice sera un gage de pérennité. Cette Ligue est née dans la ferveur des nobles idées tenant aux droits de l'Homme. Puis, ce creux de la vague ne sera toujours qu'un épisode. Car, il y a toujours une crête après le creux, et qui plus est, une crête balisée par la solennité des valeurs de dialogue, de démocratie, de liberté et de solidité des institutions et du tissu associatif, fondements premiers du programme électoral du Président Ben Ali. La Ligue est un patrimoine. Elle ne saurait être confondue dans des approches passionnelles, dans des brumes passéistes... surtout, elle relève d'une affaire tuniso-tunisienne. Ce sont là les fondamentaux du dialogue prôné par le Chef de l'Etat. L'appartenance à la Ligue est un honneur. Elle est fondée pour faire œuvre sociale loin du clanisme et des partisaneries endoctrinées. La Ligue est finalement citoyenneté. Elle est au service des citoyens et figure comme partie intégrante du projet civilisationnel de la Tunisie.