* Saisonnalité chronique, T.O intransigeants et « bradeurs », hôteliers sur-endettés… « Les horizons du secteur touristique à la lumière des mutations économiques mondiales », ont été au centre d'un séminaire organisé hier à la Chambre des Conseillers en présence de M. Slim Tlaltli, ministre du Tourisme. L'objet de la rencontre était de discuter non seulement du présent de ce secteur tant stratégique que vital pour l'économie tunisienne mais aussi des perspectives à moyen et long termes. Les participants ont parlé des changements connus par le secteur. Après avoir devancé plusieurs pays, le secteur du tourisme tunisien fait preuve aujourd'hui de moins de compétitivité. Certains pays voisins nous ont rattrapés, et le marché est devenu de plus en plus concurrentiel. Le plan d'action fixé pour la prochaine étape constituera un revirement de 180 degrés. L'outil Internet sera le maître mot des axes stratégiques tracés pour le secteur. Internet est devenu le support numéro un des clients, notamment ceux des marchés classiques de la Tunisie, à savoir les pays européens. C'est via Internet que les férus de vacances et de soleil accomplissent les plus importantes étapes de leurs actes d'achat, depuis la recherche, à la réservation, passant par le paiement et tout autre. Les Tours Opérateurs (TO), ont été les premiers à détecter cette tendance, avec l'appui des banques et autres institutions financières. Selon beaucoup d'experts : « C'est à cause des TO que la destination Tunisie s'est vu coller des slogans rigides, la limitant à une destination low-cost, n'ayant rien d'autre à offrir qu'un simple tourisme balnéaire ». Or, plus de 70% du tourisme mondial est un tourisme balnéaire et saisonnier. Mais ce tourisme balnéaire, qui représente 95% du tourisme tunisien, a commencé depuis déjà quelques années à souffrir d'un déficit flagrant au niveau de sa valeur ajoutée, même s'il a gardé son chapeau de moteur de l'activité, notamment en tant que produit d'appel. Que faire devant une telle situation où le tiers de l'ensemble des nuitées passées dans les 240.000 lits, des 850 unités hôtelières que comptent la Tunisie, sont limitées aux deux mois de juillet et août ? Que faire devant cette saisonnalité de l'activité touristique en Tunisie, alors qu'on n'est qu'à deux heures de vol de la majorité des capitales et des villes européennes ? Où réside vraiment le problème ? Que faire devant une situation où les concurrents directs de la Tunisie consacrent, chacun entre 5 et 6 euros pour le recrutement d'un client, alors que le pays des jasmins ne peut en payer que 2? Début 2010, plutôt décevant ? En 2009, le tourisme tunisien a réalisé des performances record, avec l'arrivée de 7 millions de touristes, des recettes de l'ordre de 3.4 millions de dinars (1,8 million d'euros), grâce à 35 millions de nuitées passées. Le prélude de cette saison semble être moins prometteur. Aux deux premiers mois de l'année 2010, le nombre des visiteurs durant les mois de janvier et de février est loin des indicateurs enregistrés à la même période de l'année dernière, même si une croissance de 6% a été enregistrée concernant les nuitées passées, grâce à la reprise du marché anglais (croissance de 44%), et du marché français (+8%), à l'encontre d'une baisse sur les marchés allemand (-4%), espagnol (-4,5%), italien (-1%), néerlandais (-10%) et le marché polonais avec une remarquable baisse de 8%. Idem pour le marché maghrébin qui a accusé une baisse de 4%, avec un marché libyen en régression de 8%. « Et même les indicateurs enregistrés au mois de mars ne sont pas encourageants, étant en deçà des niveaux du même mois une année auparavant » précisent encore les responsables. Lors de ladite conférence, une impression a été partagée par les responsables du secteur : à savoir que l'ambiguïté ayant prévalu lors de l'année 2009, semble continuer à marquer le paysage, « à l'exception de certains indicateurs provenant du marché français qui incitent à l'optimisme. Mais ceci ne doit pas cacher les lacunes que vit le secteur touristique» a-t-on aussi affirmé. Dans l'objectif d'apporter certaines améliorations de ces indicateurs, un plan de communication étoffé devrait être exécuté durant le prochain trimestre visant les marchés classiques (France, Allemagne, Italie et Espagne) surtout que le pic de cette saison coïncide avec le mois saint du Ramadhan ! Autant dire que les responsables du secteur ont du pain sur la planche. Pas de précipitation ! Ce n'est certes pas le moment pour débiter des solutions précipitées, car les maux du secteur sont là depuis déjà quelques années. Les TO, pointés du doigt par plus d'un, ont été à l'origine de la renommée que le tourisme tunisien a réussi à se procurer durant les années 70 et 80. Il semble qu'on leur ait été reconnaissant au point qu'on leur aurait donné carrément les clefs du secteur et qu'actuellement on tente d'y remédier. C'est légitime, mais faut-il encore avoir les moyens. Les dirigeants du secteur n'ont cessé, surtout au cours des dernières années, de modifier les stratégies de communication et c'est là leur talon d'Achille. La communication est le point de départ pour toute restructuration du secteur. Internet n'est en effet que le dernier maillon de la chaîne, car maitriser la communication, adopter des plans de communication spécifiques à chaque pays conquis est le mot d'ordre pour les prochaines années. Cet effort de concentration sur la communication doit impérativement inclure tous les acteurs de l'activité touristiques, administration, consulats et ambassades, agences et TO. Mais aussi et surtout les hôteliers, dont bon nombre est source de créances douteuses de quelques millions de dinars et incapables de rembourser, inactifs et toujours dans l'attente de ce qui peut venir, avec très peu d'imagination et de créativité.