Aujourd'hui vingt neuf prévenus seront déférés devant le Procureur de la République pour les incidents de ce qu'il convient d'appeler, désormais, le jeudi noir du football tunisien. Mais ce qui est inquiétant, voire alarmant et qui doit absolument interpeller les consciences, c'est que la grande majorité des 149 personnes arrêtées en flagrant délit de violences est constituée de mineurs... Oui des mineurs... Des gosses, des enfants... Les lois tunisiennes traitent la délinquance juvénile avec beaucoup de souplesse et de parcimonie. Et à plus forte raison lorsqu'il s'agit de mineurs : doit-on manu-miliari, les envoyer dans les maisons correctionnelles pour enfants ? Doit-on cultiver en eux les germes de la vindicte ? Ils ont été donc relâchés moyennant des engagements pris par leurs géniteurs. Et ainsi, le côté humaniste d'une société de tolérance, comme la nôtre, a prévalu. On ne brisera pas leur vie. On ne brisera pas leur scolarité. Sauf que les choses ne sauraient s'arrêter là. Ceux qui comparaîtront devant la justice savaient parfaitement ce qu'ils faisaient. Et il n'est pas évident qu'ils soient les seuls coupables. Bon nombre de ceux qui ont attisé le feu ne seront pas dans le box des accusés. Qui, en effet parmi dirigeants, arbitres, joueurs entraîneurs peuvent se payer le luxe de la bonne conscience ? S'est-on jamais posé cette question : au fond, c'est quoi l'enjeu ? Ces passions déchaînées, le syndrome des résultats plantent le décor cauchemardesque d'un football qui va à sa perte. Exactement comme ce jeudi soir où tous les seuils de tolérance ont été franchis avec une désinvolture démentielle. Maintenant que les choses ont pris une telle tournure, il va bien falloir que des textes dissuasifs, des mesures préventives et drastiques balayent l'hypocrisie des chartes creuses, dépassées et même ridicules. C'est en effet devenu très, très sérieux.