Ce n'est pas la première fois que le Chef de l'Etat use des prérogatives que lui confère la Constitution et de son pouvoir discrétionnaire pour gracier des jeunes (ou de moins jeunes) ayant cédé à des actes tendant à ébranler les équilibres sociaux. La grâce accordée aux soixante-sept détenus pour leur implication dans les événements du Bassin Minier de Gafsa illustre la magnanimité dont fait preuve le Président au nom d'une nation toujours clémente. La Tunisie a en effet besoin de tous ses enfants. De toutes ses potentialités. S'il est vrai que toute société équilibrée doit sociologiquement connaître des convulsions (ce qui lui permet de les traiter efficacement et de juguler le mal à ses racines) il est tout aussi établi qu'au nom du principe de "non-exclusion" résolument annoncé et pratiqué depuis le Changement, il n'y a pas de "condamnations définitives" sur le plan social, mais plutôt des mesures dissuasives que matérialisent, entre autres, les peines d'emprisonnement, prononcées par une justice libre et souveraine. Dans la culture de Ben Ali prévaut le sens de l'humain, la main tendue aux personnes démunies, aux handicapés, à celles qui sont nées du mauvais côté de la barrière et même à celles que subjuguent les techniques d'embrigadement des "Lucifer" des temps modernes et des faiseurs d'Apocalypse tout en promettant un monde meilleur... Chaque fois que des jeunes se retrouvent en proie aux dérives et se livrent à des actes répréhensibles, la justice dit son mot tout en veillant à leur garantir scrupuleusement leurs droits à la défense... Mais, au bout, lorsque les esprits s'apaisent, que l'introspection fait son effet et que la société juge que justice lui a été rendue, le Chef de l'Etat donne toute sa dimension au sens de la tolérance, de l'union et de la solidarité sur lesquelles est bâtie toute la culture du Changement. Ben Ali avait déjà gracié des éléments compromis dans la mouvance religieuse extrémiste. Il en a fait de même avec ceux qui rejoignaient une autre extrême appelée "Pokts". En 87 (déjà) il libérait ceux que Bourguiba avait décidé de conduire à l'échafaud. En définitive, Ben Ali reste dans sa logique et dans son humanisme. L'humanisme justement : cela s'exerce par les actes. Il ne l'instrumentalise pas dans des campagnes électorales sur fond de pamphlets et de vindicte inspirés par d'obscurs agitateurs du "droit du l'Hommisme".