Sir Richard Francis Burton, né le 19 mars 1821 à Torquay et mort le 20 octobre 1890 à Trieste, fut tout à la fois officier militaire, écrivain, poète, maître soufi, orientaliste, ethnologue, traducteur, diplomate, libertin et expérimentateur passionné de la plupart des perversions humaines. En toutes circonstances agent secret du gouvernement britannique, le capitaine Burton est le modèle même du voyageur intrépide, de l'érudit et de l'aventurier du XIX ème siècle, érigé par ses contemporains en légende vivante. Encore que ses propres efforts pour les y aider sont loin d'avoir été négligeables. Ses découvertes en Afrique le placent parmi les grands explorateurs. Il fut en même temps écrivain reporter et linguiste, et les ouvrages qu'il a laissés sont très nombreux. Les explorations Fils d'un colonel, après quelques études à l'Université d'Oxford, Burton s'engage dans l'armée de la Compagnie des Indes Orientales qu'il sert pendant sept années mettant le temps et les voyages à profit pour étudier les langues orientales avec une ardeur incroyable dont l'arabe, le hindi, le gujerati, le mahratte, le sindhi, le pendjabi, le persan, le pachto, le sanskrit, etc. Il s'initie en même temps aux cultures correspondant à ces langues. En 1853, déguisé en pèlerin afghan, il visite Médine et La Mecque, étant un des premiers Européens, avec le voyageur suisse Burckhardt, à pénétrer dans ces villes. Et en tire un livre. Il utilisera l'aisance à se fondre dans les populations locales et à se faire passer pour un indigène pour poursuivre ses aventures. Il Organise alors une expédition dans le pays des Somali, en compagnie du lieutenant Speke comme second, et deux officiers indiens. Son but était de visiter Harar, autre cité sacrée, interdite aux « infidèles »,qu'une trentaine de voyageurs avait vainement tenté d'atteindre, Il réussit, déguisé en Arabe, et put donner, le premier, une description fidèle de cette mystérieuse cité. Mais il eut horriblement à souffrir, dans le désert, du manque d'eau et de vivres, et l'expédition se termina d'une façon chaotique. Les voyageurs furent attaqués de nuit à Berbera. L'un des officiers indiens, Stroyan, fut tué, Burton et Speke furent grièvement blessés et parvinrent difficilement à s'échapper. A son retour en Angleterre, Burton publia un ouvrage qui contient une grammaire du dialecte de l'Harar. Après ce voyage, il fut envoyé en Crimée comme chef de l'état-major de la cavalerie irrégulière. Le plus célèbre voyage de Burton fut celui qu'il entreprit dans la région des grands lacs d'Afrique, dont quelques voyageurs avaient seulement soupçonné l'existence et du côté desquels on espérait découvrir les sources du Nil. C'était la grande énigme géographique du moment. Il part à sa découverte, en compagnie du capitaine John Hanning Speke, en 1856. Après un périple difficile et périlleux, ils localisent le lac Tanganyika en 1858. Mais, Speke découvre seul le lac Victoria. La querelle sur la paternité de la découverte qui opposa les deux explorateurs fut enragée au point de leur faire oublier leurs manières de gentlemen, mais aux yeux d'une opinion friande de grands récits exotiques et d'explorations, Burton était le vainqueur. Nommé consul britannique au Brésil, en Syrie et au Ghana, Burton, avec l'avantage des ses fonctions officielles, a conduit d'autres explorations qu'il a eu le talent de rendre dans ses multiples récits de voyage. L'œuvre littéraire, la quête spirituelle Outre sa propre chronique, Burton est un auteur abondant qui a traduit et fait découvrir les Mille et Une Nuits, le Kama Sutra, l'Ananga Ranga, etc. Il ne serait pas trop malaisé de railler dans les écrits de Burton les stigmates du colonialisme britannique. En revanche, on pourra lui accorder, à fortiori en regard de la bigoterie victorienne, un réel talent de reporter et le sens des sujets comme la violence des « sauvages », l'Islam, la sexualité des peuples inconnus. Ou encore, le sectarisme puisqu'il est le premier à rapporter une interview exclusive de Brigham Young, le pape des Mormons de Salt Lake City. L'immense curiosité de Burton et sa recherche effrontée des plaisirs, se doublaient, dit-on, d'une grande violence. Bien des aspects de sa personnalité et nombre de ses écrits ont été longtemps voilés. De même que la constance avec laquelle Burton a arpenté les chemins spirituels parfois à l'aide d'opium et d'autres drogues, s'intéressant à la Cabale, à l'alchimie, aux religions orientales et au soufisme qu'il pratiqua jusqu'à la fin de son existence.