Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal tiennent tous deux des discours à tonalité très sociale pour aborder le second tour, avec des convergences, mais s'opposent notamment sur le contrat de travail, le Smic, les modalités du droit de grève ou les remboursements de soins médicaux. Dimanche, au soir du premier tour, l'un et l'autre ont insisté sur l'emploi, mais aussi, quasiment dans les mêmes termes, affirmé leur volonté d'aider "les plus fragiles", personnes âgées et handicapées ou victimes des délocalisations. En même temps, ils ont souligné que les Français, pour atteindre ces objectifs, allaient devoir choisir entre "deux voies très différentes", selon l'une, et même entre "deux projets de société", pour l'autre. Ainsi, chacun prône "une sécurité sociale professionnelle", s'inspirant peu ou prou de la "flexicurité" à la danoise, avec pour les licenciés économiques la garantie de 90% du salaire, en échange d'une formation et d'une recherche active d'emploi. Mais la convergence s'arrête là. M. Sarkozy veut un "contrat de travail unique" pour les nouveaux embauchés, proche de l'actuel CNE (Contrat nouvelles embauches, comportant une période d'essai de deux ans) qu'au contraire Mme Royal entend supprimer. Celle-ci compte sur une intervention publique active, avec 500.000 "emplois-tremplins" pour les jeunes, sur le modèle des anciens emplois-jeunes. Ce dispositif inclut, pour les moins qualifiés, embauchés par un artisan, un "contrat première chance", dont le coût serait pris en charge par les régions pendant un an. Les 35 heures n'ont pas constitué jusqu'ici un enjeu crucial, M. Sarkozy ne voulant pas formellement les supprimer, et Ségolène Royal leur reconnaissant certains effets négatifs. Mais elles apparaissent en filigrane dans les façons divergentes d'augmenter le pouvoir d'achat des salariés. Afin de "travailler plus pour gagner plus", le candidat de la droite veut exonérer de taxes et cotisations les heures supplémentaire au delà de 35 heures, alors que la candidate de la gauche promet une hausse du Smic, à 1.500 euros bruts en cinq ans, et la tenue, dès son élection, d'une conférence sur les salaires avec les partenaires sociaux. Mme Royal insiste d'ailleurs sur la concertation avec les syndicats pour "réformer la France sans la brutaliser". Son concurrent promet aussi de respecter le dialogue social et de réformer les critères de représentativité syndicale. Mais il est prêt à se passer de l'accord des syndicats, dès le début de son mandat, pour légiférer sur un service minimum en cas de conflit social dans les services publics, assorti d'une obligation de vote à bulletin secret après huit jours de grève. Pour la santé, M. Sarkozy propose des franchises, seuils en deçà desquels les assurés ne seraient pas remboursés, pour les médicaments, les examens biologiques, les visites à domicile et l'hospitalisation. Son adversaire veut au contraire abroger celles existantes, forfaits d'un euro à la charge de l'assuré par acte médical et de 18 euros pour les actes les plus lourds. Pour financer la "sécu", Mme Royal n'entend pas expérimenter la "TVA sociale" que M. Sarkozy voit d'un bon oeil. Enfin, sur les retraites, elle est prudente, proposant, sans plus de précision, "une remise à plat" de la loi Fillon de 2003 et une négociation sur les régimes spéciaux, alors que le leader de l'UMP parle de "réforme" de ces derniers. L'un et l'autre se retrouvent pour prôner une revalorisation des petites pensions, qui concernent surtout les femmes.