Rachid Bouchareb a écrit au Festival de Cannes pour répondre aux polémiques que suscite son film depuis sa sélection en compétition. « Hors-la-loi » évoque les massacres de Sétif en mai 1945 et la guerre d'Algérie. Le débat, loin du cinéma, porte sur la mémoire historique de la décolonisation. Des politiques, des associations extrémistes protestent contre la présence du film à Cannes, et menacent de perturber le festival le jour de sa présentation - le 21 mai. Bouchareb a donc envoyé une lettre au Festival pour tenter de calmer des esprits échauffés avant même d'avoir vu le film. Voici les termes de sa lettre: « Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film « Hors La Loi », alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film... Devant de telles passions et dans un souci d'apaisement, il m'apparaît important de rappeler deux choses : - « Hors la loi » est un film de fiction, une saga qui raconte l'histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l'indépendance de l'Algérie, en 1962. - Il faut qu'il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets. Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule. Attaché comme je le suis à la liberté d'expression, il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s'exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d'idées. Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d'y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein. »