Débat totalement faussé et polémiques à répétition, décidément une certaine France n'en a pas fini avec la guerre d'Algérie. Du pain béni pour « Hors la loi», ça évitera au moins de parler de cinéma. Du cinéma il y en beaucoup dans le dernier Bouchareb, jusqu'à l'écœurement par moments. Paris, la libération du 8 Mai 1945, au même moment, à Sétif se tient une manifestation pour célébrer la victoire des alliés, elle se termine dans un bain de sang entre 10000 et 45000 algériens perdront la vie suite à cette opération « de pacification » entreprise par l'armée française. Bidonville de Nanterre, Milieu des années cinquante, trois frères Said (Jamel Debbouze), Messaoud (Rochdy Zem) et Abdelkader (Sami Bouajila) se retrouvent en France après trois itinéraires différents. Said a émigré en France avec sa mère après les massacres de Sétif, Messaoud l'aîné revient d'Indochine où il a servi l'armée française et Abdelkader sort de prison après y avoir purgé une peine de dix ans. Ses retrouvailles sont éphémères, la fratrie se divise. Saïd choisit le monde interlope de la nuit, Messaoud et Abdelkader la résistance et l'action politique au sein du FLN. Abdelkader grâce à la formation politique acquise en détention prend en main l'organisation du parti à Nanterre, intransigeant, illuminé et passionné, il est habité par la cause qu'il défend, aidé en cela par son frère aîné Messaoud , sorte de bras armé du couple du fait de son expérience en Indochine. Entretemps, Said le cadet fait son ascension dans le milieu en devenant gérant de cabaret et en inaugurant sa propre écurie de boxe. Le mouvement s'organise et se radicalise, et Said est désormais appelé à verser sa dîme au FLN, qui a favorisé en sous-main sa montée en grade. A la répression française répondent les attentats du FLN suivis d'exactions encore plus sauvages du côté français. La main rouge est créée, elle a carte blanche pour « nettoyer ». Une importante transaction d'armes effectuée à partir de l'Allemagne par Abdelkader et son frère est démantelée par la police française grâce à la délation d'un des lieutenants de Messaoud qui mourra assassiné, alors que l'Algérie conquiert son indépendance. En lorgnant du côté de Sergio Leone et de Coppola, le réalisateur franco-algérien, nous a donné à voir un film d'Histoire stylisé. Borsalinos et costumes croisés, séquences de fusillades ultradécoupées, qui ont du mal à fonctionner, faute de talent et d'invention. Evoluant dans un registre qui n'est pas le sien, Bouchareb réescompte les recettes « d'indigènes », dans « hors-la-loi » : Efficacité, Pathos et frontalité avec à la clef, un film grand public qui aura peut être le mérite de ré-ouvrir le débat sur la guerre d'Algérie dont la France n'est pas encore guérie. Appréhendé sous l'angle de ses contrecoups politiques, «Hors la loi » est un film utile dans un contexte franco-français, où la question de la repentance de la France en Algérie et ailleurs a du mal à être entendue par certaines franges de la société. Soixante ans après Sétif, en Mars 2005, la France reconnaît sa responsabilité dans cette «tragédie inexcusable».