Réhabilitation des places Barcelone et Mongi Bali à Tunis    La flottille mondiale Soumoud arrive à Sidi Bou Saïd : La Tunisie, carrefour de la solidarité maghrébine et internationale    Rentrée scolaire 2025 : Ramzi Trabelsi évoque un coût de 153 à 276 dinars selon le niveau    Tunisien tué à Marseille : l'Ordre des avocats tunisiens engage une action à Marseille    Hatem Mziou revient sur l'affaire Dhibi, la flottille « Al Soumoud » et les élections de l'Ordre    Etats-Unis : un homme armé en fuite après une fusillade qui a fait un mort et 5 blessés au Texas    Hawaï en état d'urgence : l'ouragan Kiko menace l'archipel    IT Business School : former les talents de demain et bâtir l'Afrique entrepreneuriale    Météo : Temps orageux et hausse des températures sur la Tunisie    France : accusé de 12 meurtres, un anesthésiste devant la justice    London Film Festival 2025 : deux films tunisiens en sélection, Dhafer Labidine à l'affiche d'un film palestinien    Tunisie : un projet international pour restaurer les tourbières de Dar Fatma, joyau écologique menacé    Riadh Chaoued : la loi interdisant la sous-traitance a réduit le chômage et stimulé l'investissement    Fottille internationale « Al-Soumoud », étudiants à l'étranger, éclipse…Les 5 infos du week-end    Kasserine : La dépouille de Abdelkader Dhibi arrive à Tunis    Jendouba pleine de visiteurs : plus de 818 000 touristes jusqu'à fin août !    Sidi Bou Saïd : accueil des navires de la flottille internationale « Al-Soumoud »    Football – U17 : La Tunisie programme cinq matchs amicaux avant le Mondial 2025 au Qatar    Foot : le CS Sfaxien s'engage avec Hamza Mathlouthi pour deux ans    Guerre en Ukraine : Washington menace les pays achetant du pétrole russe    Bonne nouvelle pour les étudiants à l'étranger, l'allocation monte à 4000 dinars    Nouveau séisme inquiète la population    Tunisie : des pluies record, mais les barrages restent loin de leur capacité    Tunisie : Alerte météo, pluies et vents puissants frappent plusieurs régions !    Tunis : un receveur de bus échappe de justesse à un grave accident    Céréales : l'Office autorise le troc de semences jusqu'au 31 décembre 2025    Hommage à l'art contemporain tunisien dans l'exposition Big moments au Centre national d'art vivant    « Big Moments » : 27 artistes tunisiens exposent au CNAV de Tunis    Spectacle céleste : vivez l'éclipse totale de Lune en direct depuis la Tunisie    La dépendance stratégique de l'Occident aux terres rares chinoises: Enjeux géopolitiques et perspectives    Tunisie : pluies orageuses attendues localement ce dimanche    DECES: Mustapha MISSOUM    Kaouther Ben Hania décroche le Lion d'argent à la Mostra de Venise    Tunisie : L'Autorité des marchés financiers met en garde les investisseurs    Conflit ouvert entre le ministère et les syndicats : la rentrée scolaire menacée    « La Voix de Hind Rajab » bouleverse Venise et rafle six prix parallèles    Match amical – Egypte-Tunisie A' (Ce soir à 18h00) : Aux dimensions étendues...    Le ministre de l'Equipement promet : la route périphérique "X20" sera opérationnelle d'ici fin 2025    Les funérailles de Mohamed Hajj Slimane auront lieu samedi à Gammarth    Violences dans les stades : le gouvernement muscle son jeu, le Parlement sur la touche ?    Décès du réalisateur Mohamed Haj Slimane    Arrivée ce soir en Tunisie du corps d'Abdelkader Dhibi, tué par la police en France    La Maison des Arts du Belvédère et Art Cot organisent l'exposition "Big moments" du 06 au 20 septembre 2025    Le designer tunisien Hassene Jeljeli illumine la Paris Design Week 2025    Les pays les plus chers pour les expatriés en 2025    la destination la moins chère pour les expatriés en 2025    Ultra Mirage El Djérid 2025 à Tozeur : Assurances BIAT renouvelle son engagement sportif et social    Assurances BIAT et l'Ultra Mirage El Djérid : Sport, culture et engagement en faveur de la communauté locale    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Ode à l'anarchie
Le Festival de Cannes au fil des jours : « Chantrapas » d' Otar Iosseliani (sélection officielle)
Publié dans Le Temps le 22 - 05 - 2010

Des espions du KGB, des sirènes noires, des pigeons voyageurs, des tangos en Géorgie, bienvenus dans le monde enchanté de « Chantrapas » d'Otar Iosseliani, le film le plus jubilatoire et le plus frais de cette édition du festival de Cannes, n'en déplaise aux copains godardiens. Iiosseliani, c'est cinquante de cinéma, deux vies, une première à Tiblissi où il réalisé entre 1959 et 1976, dix courts-mètrages et cinq longs métrages, une seconde vie d'exilé à Paris commencée en 1979 durant laquelle, enfin affranchi de toute censure, il peut donner libre cours à son génie.
Invité à Cannes, en sélection officielle mais hors compétition, Iosseliani, connu pour ses coups de gueule, s'en est pris au festival et à son comité de sélection lors de la séance de présentation de son film. Pour ce grand cinéaste de presque quatre-vingt ans se retrouver hors compétition relève d'un affront. Mais voilà, c'est mal connaître la frilosité de la compétition officielle et son obsession des noms et Iosseliani est un grand qui n'est pas porteur.
Quelque part en Géorgie, du temps du communisme, Nicolas un jeune cinéaste, issu de l'ancienne aristocratie, veut pouvoir faire le cinéma tel qu'il l'entend. La censure, le parti, vont l'empêcher de s'exprimer et son film est interdit en dépit de tout l'amour et le soutien que lui apportent son grand-père et ses amis. Contraint à l'exil, il habite chez un vieil ami de son grand-père et rêve d'une nouvelle vie où, il pourra enfin faire les films qu'il veut. Illusions perdues, il sera confronté à un nouveau type de censure, celle des producteurs qui massacrent son film au montage. Retour à la case départ, on le retrouve en Géorgie où à la faveur d'une partie de pêche, il finira happé par une sirène noire qui l'emmène on ne sait où. Vers un monde meilleur qui n'existe ni ici ni ailleurs.
Une histoire convenue qui aurait accouché d'un pamphlet anti-communiste qui aurait fait chavirer les cœurs (en occident) si elle était tombée entre les mains d'un faiseur (du genre (Nikita Mikhailkov). Décalé, irrévérencieux, se jouant des normes établies, fonctionnant à la métonymie, se nourrissant des invraisemblances, « Chantrapas » est le film d'un joyeux drille, exemplaire dans son anarchie organisée. Ioseliani n'est pas un post-moderne, trop vieux pour cela et son film fait sens, il essaie de penser la liberté, celle du créateur et la nécessité de rester soi même en dépit de tout. En toile de fond, il y a l'histoire incarnée par ce grand-père grand séducteur et officier de l'armée. Le film de Nicolas porte sur l'histoire, et renvoie probablement à cette période située entre 1918 et 1921 où la Géorgie indépendante a été gouvernée par les Menchéviks avant d'être définitivement annexée par l'Union soviétique. Ce poids de l'histoire, Nicolas en est porteur, à travers la veste que lui donne son grand-père avec laquelle il fera le voyage en France, et qui sera la seule à lui aller parmi celles qui lui sont proposées, lorsqu'à Paris, approché par les espions du KGB, il décide de se rendre à la réception organisée par l'ambassadeur de l'URSS à l'occasion du premier Mai. Arrivé à Paris en train, Nicolas se trouve propulsé dans la France d'aujourd'hui, alors que l'histoire est censée se passer à la fin des années soixante-dix. De cette invraisemblance et de beaucoup d'autres, Iosseliani s'en contrebalance, son film est dans un ailleurs ; le territoire de la poésie. Si on y cherche la réalité, mieux vaut s'en aller. Les accélérations de l'histoire sont prodigieuses, et le trajet effectué par le pigeon voyageur (à l'aide duquel Nicolas communique avec sa famille) entre Paris et Tibilissi, dure le temps d'un « cut » entre deux plans.
Anachronismes assumés, schématisme ostentatoire, humour grinçant, rien d'étonnant que vers la fin du film , Nicolas de retour en Géorgie se trouve entraîné dans les abymes de la mer noire par une sirène noire de peau déjà aperçue à un autre moment du film à Paris, surgie d'un étang. Un enchantement !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.