Ne commencez pas à blâmer. Et même si vous ne pouvez pas vous en empêcher, cela ne changera rien à l'affaire. Je l'annonce illico, aucune véritable fête (surtout tunisienne) ne peut atteindre les cimes et rester dans les mémoires que s'il y a des remous inattendus qui perturberont le bon déroulement des principales étapes prévues, fixées, conçues et réalisés par des organisateurs infaillibles. Pour un mariage classique avec un grand orchestre de musique classique (sic) tunisienne, genre Mezoued et compagnie, on oubliera l'orchestre, le couscous, les gâteaux, les mariés mais on se souviendra sûrement de l'énergumène éméché qui le premier, a déclenché cette magnifique bagarre ajoutant du piment à ces rassemblements, certes joyeux, mais qui, il faut le reconnaître, manquent de véritable animation susceptible de mettre le feu aux planches. Et justement c'est des planches qu'il est question dans cette modeste interprétation d'un événement, évidemment, réussi, puisque cette journée du 26 mai a été décrétée par le Ministère de tutelle comme fête du 4ème art. Du 4ème Art tunisien ? En principe ! On ne peut répondre que par “oui” à une telle question incongrue. Simplement, comme je suis décidé à jouer les trouble-fêtes, je dirais que le terme “Tounsi” en arabe englobe toute la Tunisie et la Capitale. Quand il est traduit par “tunisien” en français, j'ose émettre quelques réserves. Car la totalité de ceux à qui l'on a décerné “Les Scènes d'or” se trouvent et agissent à Tunis. Personne ni aucune institution des autres gouvernorats du pays (à part la Troupe Municipale de Douz dont le membre le plus actif vit et agit à Tunis) n'ont pu décrocher le moindre petit prix de cette nuit qu'on ferait mieux d'appeler “La nuit du théâtre Tunisois”. Entre nous ce serait plus honnête et ce constat s'appuie sur des données concrètes. Lisez la liste et vérifiez par vous-mêmes. Les hommes de théâtre seraient-ils en train d'ériger une “Ecole de Tunis” du théâtre à l'instar de sa sœur aînée dans le domaine des Arts Plastiques ? Je n'oserais par répondre à une telle question. Franchement, j'ai la trouille ! Et puis on aurait peut-être trouvé mieux pour nommer ces prix que “Scène d'or” à l'instar des “Molières” nous dit-on. C'est là une reconnaissance de fait que dans la “petite” histoire de notre théâtre, il n'y a peut-être aucun artiste à même de donner son nom à ce prix. Soit ! Mais les “César” du cinéma portent le nom d'un sculpteur qui n'a jamais touché au cinéma. On aurait pu chercher du côté de nos plasticiens, peintres sculpteurs ou céramistes d'art pour la conception et la réalisation d'un tel prix. Car franchement, “Les Scènes d'or” ce n'est pas ce qu'il y a de plus poétique ni de plus perspicace. Enfin, qui suis-je pour critiquer comme dirait l'autre ? Quelques surprises quand même qu'il faut saluer : Jaïbi a décroché “La Scène d'or” de la mise en scène. Le problème va se poser, sérieusement, lors de la session prochaine. Si d'ici là Jaïbi n'aurait pas réalisé une nouvelle pièce, à qui décernera-t-on un tel prix ? Problème ! Il va falloir peut-être importer un metteur en scène de l'étranger… De Gafsa peut-être ou du Kef ou de Sfax… enfin de ces contrées lointaines que nous ferons mieux de garder à distance. Une meilleure solution : qu'on reprenne la même liste pour l'année prochaine et qu'on n'en parle plus !