Le commerce des armes a beau être une grosse entreprise, il ne connaît décidément pas la crise. Le bilan de l'année 2009 est même nettement positif, avec près de 6% de prises de bénéfices supplémentaires en une année. Sur dix ans, on en est à 50%, soit de quoi encourager les investisseurs à se détourner de l'agriculture et de l'industrie, réunies. Ce commerce est d'autant plus juteux qu'il n'y a aucun risque à ce que la demande régresse. Au cas où, il y a bien des gouvernements bienfaiteurs de l'Humanité pour raviver les tensions et créer le besoin. Les choses ne vont probablement pas changer. La tendance est même à la multiplication des foyers de guerre. Que cette tendance soit encouragée par les membres permanents du Conseil de Sécurité de l'Onu, les chiffres sont clairs et les votes vétos le sont aussi. Toute la rhétorique sur la réduction des moyens de guerre ne tient pas la route face aux complexes des industries d'armement. Que serait en effet le monde sans les tueries de Bagdad ou de Kaboul, pour ne parler que des plus ensanglantées. Maintenant, la rubrique officielle sous laquelle s'inscrivent ces dépenses est le « maintien de la paix», sans ironie aucune. Comme les fauteurs de troubles contre lesquels on s'arme achètent quelque part leurs engins de guerre, on se retrouve dans la quadrature dite du cercle, en fait nulle part. Les talibans et les autres ne sont pas des enfants de chœur, raison de plus de leur proposer les armes qui leur permettent de tenir tête à la Force Internationale de l'Otan en Afghanistan. Les Afghans viennent de tenir une Jirgha, rencontre des seigneurs de la guerre supposés proposer des solutions pour le pays. Personne ne parle de réduction des arsenaux. Probablement pour ne pas avoir à discuter du cours du pavot. Derrière les armes, il y a en effet une culture du silence comparable à celle des grands traders qu'on n'arrive à surprendre que quand les choses se gâtent à l'occasion de faillites spectaculaires. Il en est des armes comme de la drogue comme de l'argent dont on tait les circuits. C'est chez les plus exposés que ça « déménage ». La bourse de New York a mis à la porte des millions d'américains, et d'autres. La drogue pourrit des générations entières de jeunes et donne essentiellement les moyens de s'armer. Les seigneurs de l'argent manipulent, et font fructifier des sommes énormes dont on ne maîtrise pas toujours la provenance. Le commerce doit continuer, beaucoup de chefs d'Etats sont élus pour exercer, avec de plus en plus de brio, le métier d'agent de commerce. On ne peut uniquement s'en réjouir !