En Jamaïque, le chef s'appelle Christofer Dudus Coke. Ca ne s'invente pas, ou le nom dit bien ce qu'il veut dire. Toujours est-il que le chef organise et se sucre sur le marché de la drogue. Il ne semble d'ailleurs pas s'en cacher outre mesure : là bas, ce genre de commerce fait vivre au grand soleil beaucoup de gens et génère comme on dit de l'emploi et des richesses. Le commun des habitants de Kingston ne s'en plaint pas vraiment. Il est même prêt à dresser un bouclier humain pour empêcher qu'un gouvernement indélicat extrade le patron aux States, à des fins de justice. Aux dernières nouvelles, la garde rapprochée de Dudus a organisé le saccage de la ville aux armes lourdes pour bien signifier qui commande dans la ville. Des soldats ont été tués, des bâtiments brûlés et le couvre feu instauré. A la guerre comme à la guerre, les grands moyens ont été déployés. Pour le jamaïcain ordinaire, il ne reste que la solution de fuite, solution à laquelle convie d'ailleurs le gouvernement, histoire de pouvoir ratisser au plus près la ville devenue champ de bataille, à défaut de rester champ de pavot. En attendant, les amateurs de Salsa iront pousser la chansonnette ailleurs. Comme en Colombie il n'y a pas si longtemps, les barons de la drogue se font passer pour des bienfaiteurs de l'humanité, et les plus pauvres les croient puisque l'argent du Coke laisse des jetons pour les écoles et les dispensaires du coin. D'autant que l'alliance de la drogue et de l'arsenal guerrier devient très habituelle. En Afghanistan, les seigneurs de la guerre comme on les appelle sont plus que souvent de grands cultivateurs de champs de pavot. Il faut dire qu'au prix où s'écoulent les armes de guerre sur le marché parallèle, il faut des assises financières hors du commun. A défaut de ressources économiques conséquentes, le maintien en activité d'une armée nécessite de gros moyens que la morale peut réprouver. Les Talibans aussi ne se privent pas de cette manne céleste qui leur permet de rendre aux américains la monnaie de leurs pièces d'artillerie : on apprend aux soldats rentrant au pays les délices équivoques de l'addiction à l'opium. Comme ce fut le cas au Vietnam. Allez savoir qui punir par la suite, quand les ravages mineront les fondements de la société. On n'en sort pas, dans cette quadrature du cercle où les drogués de la finance sont concurrencés sur le marché de l'argent facile par les « drogueurs » des champs de pavot. Allez ensuite sévir contre les drogués du foot, par temps de Mondial !