L'état d'urgence étendu à une seconde ville du sud Le Temps-Agences- Le gouvernement intérimaire kirghize a sollicité hier l'aide militaire de la Russie pour rétablir l'ordre à Och, théâtre de violences ethniques qui ont fait au moins 63 morts en deux jours, dans le sud du pays. Ces heurts entre Kirghizes et Ouzbeks, qui ont débuté dans la nuit de jeudi à vendredi, ont également fait 835 blessés, selon le ministère de la Santé, et sont les plus graves depuis la destitution du président Kourmanbek Bakiev en avril. "Nous avons besoin de l'intervention de forces armées étrangères pour calmer la situation", a déclaré à des journalistes la présidente par intérim, Roza Otounbaïeva. "Nous avons demandé de l'aide à la Russie et j'ai déjà signé une lettre en ce sens destinée au président Dmitri Medvedev", a-t-elle indiqué. Roza Otounbaïeva a discuté de la situation avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine par téléphone hier, a indiqué le service de presse du gouvernement russe sans donner plus de précisions. La présidente par intérim a accusé les partisans du président déchu Kourmanbek Bakiev, un Kirghize comme elle, d'attiser les violences dans l'espoir d'empêcher le gouvernement intérimaire d'organiser le référendum sur l'adoption d'une nouvelle constitution prévu le 27 juin. "Ces événements montrent que ces gens cherchent par tous les moyens à revenir en arrière", a-t-elle déclaré. Le gouvernement intérimaire a déclaré l'état d'urgence vendredi à Och, deuxième ville du pays et ancien fief de Bakiev, exilé en Biélorussie, ainsi que dans plusieurs districts ruraux alentour. Des affrontements ethniques opposent des bandes rivales munies d'armes à feu, de barres métalliques et de cocktails Molotov. Des maisons et des commerces d'Ouzbeks ont été incendiés dans plusieurs quartiers de la ville. Des troupes et des blindés ont été dépêchés sur place et un couvre-feu a été instauré, sans que ces mesures ne parviennent à rétablir le calme. Un journaliste présent sur place a rapporté que des fusillades se sont produites tout au long de la nuit dans le quartier ouzbek d'Och. L'approvisionnement de la ville en gaz a été suspendu et certains quartiers sont privés d'électricité. Des Ouzbeks ont pris la fuite vers la frontière. Un témoin a indiqué que des femmes et des enfants ouzbeks avaient rejoint la ville de Marhamat, en Ouzbékistan, située à 60 km d'Och. Des camps auraient été installés pour accueillir les réfugiés n'ayant pas de famille en Ouzbékistan. L'instabilité régnant dans la région préoccupe à la fois les Etats-Unis et la Russie qui disposent de bases aériennes au Kirghizistan.