Une victoire, et c'est tout. Comme attendu après le nul entre le Portugal et la Côte d'Ivoire, le Brésil a pris la tête du très relevé groupe G, grâce à une toute petite victoire contre la Corée du Nord (2-1). Mais c'est bien tout ce que pourront retenir les supporters brésiliens. Critiqué de toutes parts pour avoir concocté une sélection trop défensive, Dunga n'aura convaincu personne mardi soir. Son Brésil est apparu limité, incapable d'accélérer le jeu pour déborder une équipe bien regroupée. En laissant au pays des joueurs comme Ronaldinho ou Diego, le sélectionneur auriverde avait envoyé un signe fort à Kaka. Dans le 4-3-1-2 mis en place par l'ancien capitaine de la Seleçao, le joueur du Real devait être le dépositaire du jeu, dans un véritable rôle de n°10. On imagine seulement que Dunga imaginait voir le Kaka de l'AC Milan plutôt que le Kaka du Real. Raté. Sans inspiration, imprécis dans ses passes, l'ancien ballon d'or a semblé perdu, incapable de trouver sa place sur le terrain. Kaka obligé de souvent décrocher pour se rassurer, Robinho s'est alors mué en créateur, avec son style bien à lui. Dès le début de match, l'attaquant de Santos, par ses dribbles, fait beaucoup de mal à la défense nord-coréenne. Il est d'ailleurs le premier à se montrer, dès la 7e minute. Mais Robinho et ses coéquipiers viendront ensuite régulièrement se fracasser sur le mur bâti par Kim Jong-Hun. Condamnés à frapper de loin (Elano 7e, Bastos 9e, Maicon 27e), les Auriverde ne trouvent que trop rarement le cadre. Mis en confiance par le petit rythme imposé par les Brésiliens, les Asiatiques commencent timidement à sortir, et à combiner dans la moitié de terrain adverse, sans toutefois trouver la faille, malgré leur bonnes intentions et le talent de leur avant-centre, Tae-Se Jong. De Maicon viendra la libération Mais avec 74% de possession de balle en première période, essentiellement dans les pieds des milieux défensifs Gilberto Silva et Felipe Melo, les hommes de Dunga souffrent d'un manque de jeu sur les côtés, déficit que le seul Bastos tente de combler, imité parfois par son pendant Maicon. C'est d'ailleurs à l'actif du Lyonnais que sont à mettre la plupart des tentatives brésiliennes (34e, 44e). Mais à l'image de son coup franc de la 50e minute, le cadre se refuse à lui, pour quelques centimètres. Toutefois, le danger se rapproche, et c'est de l'autre latéral brésilien que viendra la libération. Servi par Kakà, enfin décisif, le défenseur de l'Inter ouvre le score d'une frappe puissante au premier poteau, profitant du petit espace laissé par un Myong-Guk Ri, surpris mais coupable (1-0, 56e). Le gardien coréen accuse le coup, et manque de se trouer sur une frappe flottante (60e) d'un Bastos intenable, enchaînant parfois petit pont et grand pont dans la même action (61e). Sans complexe, la Corée du Nord n'hésite maintenant plus à sortir mais laisse des espaces pour les contres. Le fantomatique Fabiano, servi par Robinho, est ainsi proche de doubler la mise, mais son tir passe trop au-dessus (64e). Robinho, encore lui, est à l'origine du second but brésilien, d'une ouverture géniale dans le dos de la défense pour Elano, qui n'a plus qu'à conclure du plat du pied (2-0, 72e). Plié, le match vire en une attaque - défense sans grand suspense. Tout juste pourra-t-on retenir la joie de Kakà et d'Elano, après la sortie du Madrilène. Une forme de soulagement ? Peut-être... Par trop de facilité, les Brésiliens se sont même fait peur en fin de match, quand Ji Yun-Nam viendra enrhumer Lucio pour réduire le score (2-1, 89e). A l'évidence, le Brésil devra montrer autre chose contre la Côte d'Ivoire et le Portugal. Sinon la fête pourrait vite tourner court du côté de Rio... --------------------------- Leurs impressions Dunga: “Tout n'est que question d'efficacité” Si le Brésil n'a obtenu qu'une petite victoire sur la Corée du Nord mardi (2-1) pour son entrée en lice en Afrique du Sud, Dunga, le sélectionneur auriverde, s'en contente pour ce premier match de la compétition. "Tout n'est que question d'efficacité", a déclaré l'ancien capitaine des champions du monde 1994. "Tout le monde doit être efficace, en attaque et en défense. Sans cela, vous n'arrivez à rien. Quand vous rencontrez une équipe qui vous attaque, vous créez des espaces", a-t-il ajouté, regrettant presque la frilosité des Nord-Coréens. "Quand ils sont totalement fermés, il est plus difficile de jouer en contre-attaque et il faut continuer à travailler", a-t-il précisé, reconnaissant que son équipe n'avait pas livré une bonne première période. "Au début nous avons fait tourner le ballon d'un côté à l'autre. Je suis satisfait de la victoire mais je veux plus, je veux que nous marquions plus de buts." Maicon : "Je pense toujours à marquer" Le très offensif arrière droit brésilien Maicon, est revenu sur son but marqué avec le Brésil, face à la Corée du Nord (2-1), dans un angle impossible. "J'ai marqué un but similaire contre le Portugal ( en amical, 6-2). J'ai eu le ballon, et je ne pensais qu'à tirer dedans. Je ne pensais qu'à marquer". a déclaré Maicon. Ronaldo : «Rien n'est perdu» Cristiano Ronaldo (capitaine et attaquant du Portugal): «Je serais plus heureux si nous avions empoché trois points. Mais rien n'est perdu. C'est arrivé à d'autres équipes, notamment l'Angleterre. On doit continuer à se battre, on doit jouer contre la Corée du Nord notre prochain match et nous avons toutes les opportunités devant nous. (sur les tacles) L'arbitre pense que j'ai plongé. C'est compliqué, je ne comprends pas toujours les décisions des arbitres. Ils doivent protéger les meilleurs joueurs. En première période, j'ai été taclé et le fait que je reçoive un carton jaune n'a rien changé pour moi. Mais je ne veux plus parler des arbitres, je veux me concentrer sur mon équipe.» Eriksson (sélectionneur de la Côte d'Ivoire): «Très heureux » «On a plus d'occasions qu'eux et je suis très heureux de la façon dont on a joué. Un point c'est moins bien que trois mais bon. Le Portugal a une belle équipe. Le match a commencé doucement mais si vous vous jetez à l'attaque contre le Portugal, Ronaldo, Deco et les autres joueurs vont vous tuer. Spécialement dans un premier match, on ne voulait pas prendre de risque. Mais on a aussi vu du beau football le reste du temps. Hier soir (lundi soir), j'ai parlé à Didier (Drogba). Il préférait commencer sur le banc mais il m'a dit: "Boss si vous avez besoin de moi, je suis prêt". On voulait gagner le match, donc on l'a fait rentrer. Je ne lui ai mis aucune pression, le médecin non plus, il voulait jouer et il a dit simplement je suis prêt.» Drogba : «Se concentrer sur le match du Brésil» «Oui je suis heureux aujourd'hui. Surtout qu'on a pu prendre un point face à une équipe du Portugal qui a été dangereuse. Mais on a montré qu'on pouvait faire de belles choses et on peut maintenant se concentrer sur le match du Brésil. Physiquement, je n'ai pas du tout appréhendé ce moment et l'entrée sur le terrain. Si vraiment j'avais eu ne serait ce qu'1% de doute, je n'aurais jamais demandé à être sur le banc. La décision d'entrer en jeu a été prise hier soir, on en a discuté avec le coach.»