Le « low cost » touristique, je parle du faux, rend un mauvais service à la Tunisie et entache sa réputation. Il a laissé des traces en 2009. Il donne de la Tunisie touristique une image dévoyée qui n'est certainement pas la sienne. Proposer des séjours très bon marché ne peut évidemment pas donner satisfaction au consommateur qui rentre mécontent de ses vacances. Et en réponse à ses réclamations, on lui répond «pour ce que vous avez payé, vous ne pouvez pas réclamer plus». Ces séjours « low cost » permettent évidemment de remplir les charters mais ne procurent pas du plaisir et du bien être aux visiteurs de la Tunisie. La télévision n'est pas en reste. TF1, M6 et France 3 diffusent régulièrement des reportages sur les séjours des touristes en Tunisie avec des intitulés forts bien orientés tel : «comment éviter les arnaques pour les vacances?». Ces reportages confirment en l'amplifiant l'image médiocre de l'hôtellerie tunisienne. Et quand bien même le reportage ne concerne qu'un nombre très restreint d'unités, le téléspectateur a tendance à généraliser. De fait et même si les techniques sont contestables, l'hôtellerie tunisienne continue à se heurter en effet aux intérêts divergents des tour-opérateurs. Voilà comment on arrive à déprécier le tourisme tunisien et, conséquemment, à faire planer de sérieuses hypothèques sur l'économie nationale. Le ministère tunisien du tourisme consacre, certes, d'importantes sommes pour vanter les charmes du pays. Mais ces efforts se trouvent toujours contrecarrés par ces offres « low cost » qui foisonnent sur le net. Il est évident que comme en finance, la mauvaise monnaie chasse la bonne. Ainsi, la clientèle « low cost » servira de repoussoir à toute demande de haute contribution. Pourquoi priver la Tunisie d'une belle clientèle susceptible de trouver le bonheur avec l'assurance de payer le juste prix d'un séjour qui reste néanmoins toujours très abordable ? Le débat fait rage entre les tenants du «low cost» et les partisans du juste prix. Le concept autant que l'approche devraient être du moins revus, sinon franchement mis en cause. Aujourd'hui, on ne vend plus le plaisir, la beauté et l'agrément de la Tunisie, mais on vend un « prix ». Cette forte sensibilité au prix a montré les limites du modèle. Il est urgent de développer de nouvelles sources de business. Le problème reste fondamental. Repositionner le produit, rechercher les facteurs clés du succès, pour permettre au pays des rentrées notables en devises, former le personnel constituent autant d'initiatives nécessaires à même de permettre un retour sur investissement. Bref, retrouver un business lucratif pour tous. Cette pratique amènera tôt ou tard les responsables du tourisme tunisien officiels ou privés à identifier les voies les meilleures susceptibles de joindre directement la clientèle en évitant les tour-opérateurs. Ils sont appelés, pour ce faire, à développer un nouveau canal de distribution. Il est effectivement urgent de mettre en évidence de nouvelles opportunités et de dégager des solutions innovantes. La bataille est ardue. L'Etat tunisien est de plus en plus présent au chevet de l'industrie hôtelière. Tous les avis concordent pour constater qu'il est temps, aujourd'hui, d'arrêter de sacrifier le tourisme tunisien au profit d'un remplissage sans marge aucune pour l'hôtelier. D'ailleurs, régulièrement, des tour-opérateurs « low cost » spécialisés sur la Tunisie plient bagages où sont à l'agonie, victimes de la vente sans bénéfices, laissant au passage d'importantes ardoises aux hôteliers et à la compagnie nationale Tunisair. La qualité paie toujours. Le bon marché est toujours illusoire. Il s'avère donc nécessaire de tenter une nouvelle approche du modèle pour revaloriser le tourisme tunisien. Les hôteliers savent qu'ils ne peuvent plus s'offrir le luxe d'attendre. Il est temps que l'industrie du tourisme se ressaisisse pour espérer jouer pleinement un rôle dans le développement de l'économie du pays, un rôle qu'elle aura choisi et non subi. L'industrie hôtelière doit maintenant afficher clairement ses ambitions. Si elle trouve le business model lucratif, elle pourrait devenir le pilier de la croissance du pays. Hosni Djemmali, Directeur TUNISIE PLUS