« Reviens Keynes, ils sont devenus fous ! » C'est là. le leitmotiv récurrent de la dernière décennie, appel désespéré qui voyait le capitalisme décapant tout broyer sur son chemin. L'idéologie n'était pas en reste. Car, par ricochet, Marx cherchait un prétexte pour renaître de ses cendres. Du coup, ses adeptes, confondant capitalisme décapant avec démocratie « trop libérale », invoquaient à leur tour l'auteur du « Le Capital » : « Reviens Marx, ils sont devenus fous ! ». L'interview (cf page 4) accordée par Pierre Pascallon à notre journal explique comment le capitalisme aura trop abusé du libéralisme. Le titre de son livre : « Hier la crise, demain la guerre ? » est pour sa part significatif : les économistes, croit-on comprendre, dans leur démence mercantiliste, poussent les politiques à l'erreur. Et, par le plus classique des scenarii, la crise économique mondiale mènerait à la guerre (mondiale elle aussi ?). Le remède ? « Le retour de l'Etat ». Cela fait déjà longtemps qu'on en fait la demande (la demande d'Etat) et que, paradoxalement, ce sont les Etats eux-mêmes qui s'y dérobaient. Ce fut le cas, notamment au sein des démocraties occidentales, frileuses et croyant ne trouver leur salut que dans les regroupements régionaux avec un exemple emblématique, cette Union Européenne, désormais écartelée entre l'élargissement et la diabolisation de l'Euro… Et les temps à venir n'annoncent rien de bon : l'Euro contre le dollar ! Pour les économistes, la déflagration mondiale est patente. Elle sera, encore une fois, la conséquence de sérieuses discordances monétaristes. Maintenant, las d'en découdre avec l'animosité péremptoire entre la Vieille Europe et le Nouveau Continent, on attend la Chine pour 2030. Ce sera, selon M. Pascallon, « le siècle de la Chine ». Si l'on doit attendre encore vingt ans pour assister à la résurgence de l'Empire du Milieu, cela veut dire que la Chine n'est pas encore éveillée au sens de M. Alain Peyrefitte et que le monde ne tremble pas encore. Mais au fait, les économistes confirment une certaine contorsion dans leurs analyses : ils ne parlent que d'extrêmes, de gigantisme, sinon carrément de pauvreté. Or qui, en dehors des pays émergents, a résisté aux chocs ? Plutôt que de parler de « retour de l'Etat », ne serait-on pas plus inspiré de vanter les vertus de la régulation ? Il ne faut pas aller très loin pour s'en assurer.