La nouvelle tombe crue, lancinante. L'Organisation Internationale du Travail annonce qu'on n'échappera pas à ce chiffre : 210 millions de chômeurs de par le monde en 2009. La crise actuelle y est-elle pour quelque chose ? Les réponses sont mitigées. D'aucuns avancent que c'est le spectre d'une récession annoncée qui fait que 20 millions de chômeurs de plus viendront renforcer le contingent des exclus de l'appareil productif. D'autres analystes penchent pour un raisonnement trop mécanique. A savoir que, puisque les Etats, selon eux, exhument les vieilles recettes keynésiennes et qu'ils sont bien partis pour nationaliser tous azimuts, c'est à eux de (re) devenir le premier employeur. Trop simpliste comme déduction et pratiquement irréalisable. L'économie libérale avait pris à l'usure les pesanteurs du secteur public. Elle ne se laissera pas de nouveau broyer par elles. Car, ce n'est pas tant le procès du libéralisme économique que celui du pouvoir schizophrène de l'argent qui se déroule actuellement. Il n'est pas non plus évident que Keynes et le dirigisme d'Etat ne retomberont pas en désuétude, une fois la crise dépassée. Seul, en définitive, le capitalisme a les réponses à ses dérives. Les recettes socialistes y seraient inappropriées. En tous les cas, l'histoire des convulsions sociales de l'Europe Occidentale, gouvernée par la gauche, montre que, sur le chapitre épineux de l'emploi, presque rien de concret n'a été entrepris. Mais, qu'en est-il en Tunisie ? Le projet de budget de l'Etat, budget plutôt ambitieux pour une conjoncture internationale très confuse, table sur la création de 82 mille postes d'emploi pour 2009. Et si l'on prend en considération les 500 mille sans emplois, le chiffre relève de la gageure. Car, entre temps, l'université aura injecté encore des diplômés à la recherche d'emploi. D'aucuns pourraient objecter : on tablait sur 70 mille postes mais dans le budget 2009 on en prévoit 10 mille de plus. Quels moyens, donc, pour y parvenir? Une grande pression est mise sur le secteur privé ; beaucoup de vœux pieux accompagnent l'initiative individuelle. Deux pôles fondamentaux dans la résorption du chômage. Encore, faut-il leur garantir les moyens et leurs objectifs. Ça, c'est le rôle de l'Etat.