La situation des caisses sociales est délicate surtout que la sécurité sociale en Tunisie est alimentée par une source de financement unique c'est-à-dire les cotisations professionnelles. Les équilibres financiers fragiles de ces caisses ont fait l'objet d'un séminaire organisé par la Fédération générale du plan et des finances et du département de la couverture sociale, de la santé et de la sécurité professionnelle qui ont eu lieu les 8 et 9 juillet à Hammamet. Cette fragilité exige une grande part de responsabilité et grande volonté de tous les intervenants pour diagnostiquer la situation et identifier les causes afin de proposer des solutions d'urgence pour garantir l'équilibre des régimes des retraites, et leur pérennité à l'horizon de l'an 2030. Le système des retraites a fait hier l'objet de dialogue et de concertation des responsables de l'UGTT de manière à assurer la pérennité des régimes de retraite. M Abdessalem Jrad secrétaire général de l'UGTT a précisé que ce séminaire offre une opportunité pour ouvrir le débat sur un sujet brûlant qui préoccupe tous les travailleurs. Notre réflexion doit être réfléchie et basée si nous voulons arriver à des résultats palpables. C'est la raison pour laquelle nous devrons élaborer un plan de travail et proposer de nouvelles idées qui nous permettront d'avancer dans l'amélioration des régimes de retraite. « Ce déficit fait, depuis des années, l'objet d'études élaborées dans plusieurs cercles de réflexion à l'université, dans l'administration et, même, au niveau de l'UGTT. Nous devrons, nous en tant que syndicalistes mettre les bouchées doubles pour relever le défi et réussir dans notre tâche. En Tunisie, les caisses sociales ayant déjà annoncé leur premier déficit. » Une réflexion profonde s'engage pour étudier les causes de cette situation préoccupante. Il est vrai ajoute le secrétaire de l'UGTT que ceci est lié notamment à la précarité de l'emploi, au code du travail, au chômage et à la sous-traitance qui se développe de plus en plus dans le pays. La résultante de tous ces facteurs réunis est l'accroissement de la surcharge pour les caisses en termes de pensions de retraites, surcharges qui sont accentuées par les coûts des prestations de santé. « Pour cela nous devrons voir plus clair, renchérit-il pour assurer la pérennité des caisses sociales et aussi assurer l'avenir de nos futures générations. Il faut avouer que nos caisses sont sur une mauvaise pente. Il n'empêche que notre régime de retraite mérite une refonte pour ne pas se retrouver dans une passe difficile durant les prochaines années. L'emploi, c'est notre préoccupation et nous devrons mettre fin à cette politique de contrat, revoir notre système de recrutement et promouvoir le code du travail dans cette conjoncture difficile et pourquoi pas penser à instaurer une caisse de chômage à l'instar de plusieurs pays européens surtout pour les travailleurs sujets à des exclusions. Tout cela pour dire que notre responsabilité est grande dans l'amélioration des régimes de retraite. Il faut en prendre conscient." Un déficit accru des caisses sociales Les résultats des exercices annoncés par la CNRPS et la CNSS dévoilent des résultats négatifs, ce qui peut être expliqué par les difficultés des régimes de retraite du secteur privé.M. Ridha Bouzriba secrétaire général adjoint a présenté une étude sur « la situation des régimes de retraite en Tunisie » Cette étude révèle que la CNRPS a accusé un déficit de 28,647 millions de dinars en 2007 alors qu'elle était excédentaire de 49,310 millions de dinars en 2002. Cette caisse déjà en état de déficit pourrait épuiser toutes ses réserves à l'horizon de 2015. Selon cette même étude, la CNSS a connu un déficit de l'ordre 70,921 millions de dinars en 2007 contre un excédent de 43,736 en 2004 et un épuisement des réserves à partir de 2014. Il faut dire que le problème du déficit de la sécurité sociale n'est pas inhérent à notre pays. C'est même la tendance générale dans plusieurs pays développés, tels que la France qui accuse un déficit de 20,2 milliards d'euros en 2009. Cette situation précaire des caisses de retraites ajoute M Bouzriba s'explique par plusieurs facteurs. «La mise à la retraite de plusieurs travailleurs avant l'âge légal, l'amélioration de l'espérance de vie qui a atteint 74 ans contre 46 ans en 1956,le phénomène de vieillissement de la population tunisienne qui fait que dans trente ans il y « aura trois actifs pour un retraité, sachant que les trois meilleurs actifs chez nous paient 200 dinars par mois. Actuellement le rapport est de 05 actifs pour un retraité et l'augmentation de la couverture sociale qui a atteint 90% en 2007 contre 77,04% en 1996. Ceci sans oublier les dettes accumulées au profit de la sécurité sociale » Mais quelle est la solution pour que nos caisses ne se vident pas ? La retraite à 63 ans ? Une question que notre collaborateur a posée à M Abdessalem Jrad secrétaire général de l'UGTT « Le problème ne réside pas dans le prolongement de l'âge de la retraite. L'essentiel est de se mettre à table et de discuter des causes de la détérioration financière de nos caisses et surtout de trouver des solutions urgentes à cette précarité du travail, aux problèmes de l'embauche, et du chômage ».