Le Temps-Agences - Amiri a quitté hier les Etats-Unis pour l'Iran, après avoir déclaré qu'il allait raconter, une fois dans son pays, les circonstances de son "enlèvement" par les services secrets américains. Il devrait arriver tôt ce matin à Téhéran, via le Qatar, selon le ministère iranien des Affaires étrangères. "Une fois en Iran, je vais clarifier les allégations des médias étrangers et du gouvernement américain qui ont porté atteinte à ma réputation", a déclaré M. Amiri dans une interview diffusée hier par la chaîne iranienne Press-TV. M. Amiri a cependant commencé à dévoiler des détails sur son "enlèvement" début juin 2009 en Arabie saoudite. Il a ainsi affirmé qu'il effectuait un pèlerinage à Médine, lorsque des hommes se présentant comme des pèlerins iraniens l'ont fait monter dans une voiture, selon des extraits de l'interview diffusée également par la télévision d'Etat. "Un des hommes a pointé un pistolet vers moi. Ils m'ont fait une piqûre et lorsque je me suis réveillé j'étais dans un avion militaire", a-t-il ajouté. Aux Etats-Unis, "j'ai subi des pressions psychologiques énormes. On a exercé des pressions sur moi pour que je présente à des médias américains des documents (...) et dise que je me suis réfugié aux Etats-Unis de mon plein gré et que j'ai apporté ces documents avec moi", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il s'y était refusé malgré "une offre financière". Selon lui, Israël projetait de le détenir dans ses "prisons secrètes". "Si je n'avais pas parlé, ils auraient dit aux médias internationaux que j'avais coopéré avec eux et publié des informations falsifiées en mon nom". Mardi, M. Amiri av ait déclaré à la télévision d'Etat iranienne, se trouver au bureau des intérêts iraniens à Washington, après avoir réussi à échapper aux mains des services de renseignement américains. Il disait vouloir rentrer dans son pays. Il est "bien sûr libre de partir", avait indiqué alors le porte-parole du département d'Etat américain Philip Crowley, après avoir souligné qu'Amiri se trouvait aux Etats-Unis "de son plein gré (...) depuis un certain temps". Selon lui, Amiri avait informé les Etats-Unis de sa volonté de quitter le pays. M. Crowley n'a pas indiqué si l'Iranien avait livré des informations sur la nature du programme nucléaire iranien, dans le collimateur de la communauté internationale, Etats-Unis en tête. Il a en outre décliné tout commentaire sur la façon dont le scientifique s'était retrouvé aux Etats-Unis. A Téhéran, Alaeddine Borujerdi, un député influent, a déclaré à l'agence Irna que les responsables américains avaient tenté d'obtenir des informations d'Amiri, mais que "ses informations étaient limitées à son domaine". "Quand les Américains ont réalisé qu'ils avaient commis une erreur, la situation a rapidement changé", a-t-il dit. Selon les médias iraniens, Amiri est un "chercheur en radio-isotopes médicaux à l'université Malek Ashtar", qui dépend des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique. Shahram Amiri a disparu en juin 2009 en Arabie saoudite, où il se rendait en pèlerinage. Téhéran affirme qu'il a été enlevé par les Etats-Unis avec l'aide des services de renseignement saoudiens. Fin mars 2010, la chaîne américaine ABC a affirmé que M. Amiri, présenté comme un physicien nucléaire, avait fait défection et collaborait avec la CIA. En juin, la TV d'Etat iranienne avait diffusé une vidéo dans laquelle M. Amiri affirmait avoir été enlevé par les services secrets américains et être détenu près de Tucson (Arizona, sud-ouest des Etats-Unis). Une autre vidéo diffusée peu après par les médias iraniens où il assurait s'être échappé des mains des agents américains et se trouver en Virginie (est).