L'Agence Tunisienne de Coopération Technique (ATCT) a tenu, hier, son quatorzième meeting des experts et des coopérants tunisiens à l'étranger. Avec un budget total de moins de 3 millions de dinars, avec seulement près de 700 mille dinars réservés à la promotion et au marketing des compétences tunisiennes, l'ATCT peut beaucoup mieux faire dans les années à venir, surtout si l'on sait qu'à l'horizon 2018, pas moins de 9000 spécialités seront demandées un peu partout dans le monde, ce qui nécessite davantage d'efforts et surtout d'investissements dans l'objectif d'ouvrir de nouvelles brèches devant les compétences tunisiennes, dans différents domaines. Selon M. Amor Jilani, Directeur Général de l'ATCT, l'effort de recrutement des Tunisiens à l'étranger a connu ces dernières années un bond considérable. On est passé de 1539 personnes en 2002, à 1646 personnes en 2009, avec un apogée enregistré en 2008, avec 2068 personnes. Le nombre de coopérants tunisiens à l'étranger n'a lui fait que suivre, et on est passé de 6260 personnes au cours de la période 1992- 1996 à 10086 personnes durant les années 2007-2010. Les pays arabes, notamment ceux du Golfe attirent 80% des compétences tunisiennes à l'étranger, par la suite on trouve les pays africains sub- sahariens, suivi par les pays de l'Europe, notamment l'Italie et la Belgique qui apprécient de plus en plus les cadres paramédicaux tunisiens. Il faut par ailleurs préciser que 80% des compétences tunisiennes qui vont travailler à l'étranger sont issus du secteur public. « Avec l'orientation de reconnaître les bureaux d'emploi privés, un nouveau défi se lance pour l'ATCT », a par ailleurs précisé M. Jilani. C'est dire que ce n'est plus l'agence qui animera l'activité. Les bureaux d'emploi privés, s'investiront pour trouver les meilleures compétences. L'Amérique du Nord : nouveau terrain de prédilection L'Agence devra ainsi conquérir de nouveaux marchés, tels l'Amérique du Nord, où le nombre des compétences tunisiennes se situe entre 300 et 400 personnes, installées au Canada. L'Agence est amenée à faire face aux contrecoups de la crise financière, qui a touché notamment les pays du Golfe. Du fait un grand nombre de projets a été mis en « stand by » ou encore en pause. L'Agence doit surtout faire face à la concurrence des autres pays arabes, notamment sur le marché des pays du Golfe. Aux ressortissants égyptiens et libanais, s'ajoutent aujourd'hui pas mal de nouvelles nationalités concurrentes, telles la Jordanie, le Maroc ou encore le Soudan. « Nous avons récemment recruté plus de 120 médecins soudanais » a annoncé un responsable saoudien au Directeur Général de l'ATCT. Et quand ce dernier lui a demandé pourquoi n'avait-il pas fait appel au marché tunisien, le responsable saoudien lui a précisé que « d'abord nous n'avons pas trouvé un nombre de médecins tunisiens disponibles suffisant, mais nous avons surtout recruté des Soudanais car d'abord leur niveau n'a rien à envier aux autres et surtout parce qu'ils nous coûteront moins chers». L'Agence et dans le cadre de la coopération Sud- Sud se tourne de plus en plus vers les pays africains sub-sahariens. Et c'est peut être ici même que réside le meilleur créneau où l'Agence pourrait exceller. Et ce, notamment, à travers la délégation d'experts et de compétences tunisiennes pour des missions de courtes durées dans ces pays pour y chapoter des cours et des formations pointues et dans des domaines d'actualité. Car avec le budget cité plus haut, et avec une telle concurrence, on voit mal comment l'Agence pourrait s'en sortir.