Tarak Aziz, compagnon de Saddam Hussein et l'un des premiers personnages de son régime, purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour « crimes contre l'humanité ». N'empêche, il demeure sollicité par les médias étrangers pour donner son diagnostic sur la situation de l'Irak d'aujourd'hui et les perspectives de son avenir. Sa vision des choses peut paraître pour certains assez subjective et dictée par un sentiment de dépit et de haine envers la puissance qui a précipité la chute de son régime et envers la classe politique aujourd'hui au pouvoir, à Bagdad et jadis farouche opposante au régime de Saddam et dont l'acharnement contre les Baâthistes est considéré par de nombreux observateurs comme un acte de vengeance et de règlement de comptes. Néanmoins, il est toujours utile de connaître l'avis d'un homme politique de grande expérience, connaissant parfaitement les réalités de son pays, doublé d'un diplomate chevronné et l'on se rappelle son rôle de principal négociateur irakien durant la crise politique qui suivit l'occupation du Koweït en 1990. Or, Tarak Aziz brosse un tableau assez sombre de l'Irak. Il prédit même le pire pour le pays en prévision du proche retrait américain. « Je pensais que Barack Obama allait corriger certaines erreurs de Bush ». « Mais, Obama est hypocrite. Il ne peut pas nous laisser comme ça. Il laisse l'Irak aux loups ». Tarak Aziz pourrait-il reprocher au Président américain d'avoir tenu ses promesses et d'avoir respecté le calendrier préétabli ? Evidemment, Tarak Aziz, même du fond de sa cellule, ne peut réfléchir qu'en patriote. Or, que laisse Barack Obama derrière lui : après sept ans d'occupation, sinon un pays sombrant dans l'anarchie et le chaos ? Si les forces américaines combattantes, avec leurs équipements sophistiqués, peinaient à assurer la sécurité, comment des forces irakiennes naissantes et en plus infiltrées de toutes parts, pourraient-elles faire face aux attaques des terroristes ? « Obama laisse le pays aux loups ». C'est vrai, en quelque sorte, à commencer par les politiciens, vraisemblablement, à la solde des puissances régionales et dont les intérêts personnels prennent le dessus sur ceux suprêmes de la Nation.