En Tunisie, la moyenne des ressources en eau est estimée à 450 m3 par habitant et par an, moyenne qui reste très en deçà du seuil de pauvreté en eau déterminé par l'ONU, soit 1000m3/h/ an. Pis encore, il est prévu que face à la demande croissante d'eau en raison de la croissance démographique et le développement des secteurs économiques, cette moyenne nationale baissera à 370 m3/h/an à l'horizon de 2025, ce qui place la Tunisie parmi les pays les moins dotés en ressources renouvelables en eau.
Face à ce danger, la Tunisie n'a plus de choix que de renforcer les actions de sensibilisation sur la rationalisation de la consommation d'eau dans les activités économiques, d'utilisation d'équipements d'économie d'eau et de recours aux ressources non conventionnelles (dessalement des eaux saumâtres, des eaux de mer et la réutilisation des eaux usées et traitées), comme solutions pour subvenir, à moyen et long termes, aux besoins des Tunisiens en ressources hydriques notamment ceux qui habitent les régions du Sud qui seront les plus affectées par cette baisse et auront le plus besoin d'eau domestique de bonne qualité. L'expérience tunisienne en matière de dessalement date de 1983, année de la création de la station de dessalement des eaux saumâtres de Kerkennah d'une capacité de 3300 m3 par jour. Pour ce qui est du Sud, caractérisé par un fort taux de salinité (2g/l), le dessalement de l'eau n'est pas une action facile car elle nécessite un investissement important, des équipements modernes et des compétences spécialisées. Cette expertise a déjà des racines au sud avec la mise en service des stations de dessalement des eaux saumâtres de Gabès en juin 1995 (d'une capacité de 22500 mètres cubes par jour), de Zarzis en 1999 (15000 m3 par jour) et de Djerba en 2000 (une capacité de 15000 m3 par jour). La technique adoptée lors du dessalement est la technique de l'osmose inverse qui consiste à séparer, à l'aide d'une membrane semi-perméable, les eaux douces des eaux salées, et ce, après plusieurs étapes de filtration, et d'ajout de certains produits chimiques (acide sulfurique et autres) grâce à l'application d'une pression supérieure à la pression osmotique. Les deux stations de Guellala (Djerba) et Zarzis, ont été cofinancées par la banque japonaise pour la coopération internationale (JBIC) pour un global estimé à 60 000 millions de dinars, alors que la réalisation a été faite par un groupe espagnol spécialisé en la matière.
Nouveaux projets et lancement des appels d'offres Le volume total de consommation d'eau en Tunisie, estimé à plus de 315 millions m3/an, est utilisé à hauteur de 54% par les foyers et établissements publics, 33% par l'industrie et 13% par le tourisme. Sur un total de 1,846 million d'abonnés à la Société Nationale d'exploitation et de distribution d'eau (SONEDE), ceux des régions côtières (propriétaires d'hôtels, d'usines) constituent les plus gros consommateurs d'eau avec un taux de 46%, suivis des abonnés de la région du grand Tunis (34%) et des régions intérieures (20%). Pour répondre à ces besoins, une deuxième station de dessalement des eaux saumâtres d'une capacité de 5000 m3 par jour, sera mise en service au cours de l'été 2007 à Djerba, à proximité de la station de Guellala en vue de relever la production totale de celle-ci à 20000 m3 par jour, et ce pour un coût de 5 millions de dinars. Un projet de réalisation d'une station de dessalement des eaux saumâtres à Matamata, d'une capacité de 4000 m3 par jour, est prévu pour fin 2009, moyennant un investissement de 5 millions de dinars. Il est prévu dans le cadre du XIème Plan de développement (2007-2011) de réaliser la première station de dessalement des eaux de mer à Djerba, à 1,5 km de la zone touristique, pour un coût de 61 millions de dinars. Les appels d'offres de concession ont été lancés en avril 2007 et la mise en service de cette station, dont la capacité est estimée à 51000 m3 par jour, est prévue pour 2009. Une deuxième station de dessalement de l'eau de mer est également programmée dans le cadre du XIème Plan de développement, à Zarat (Gabès) d'une capacité de 50000 m3 par jour et qui sera raccordée aux réseaux de Gabès et de Médenine. Toujours au rayon des projets, un programme est arrêté pour la réalisation de 10 stations de dessalement des eaux saumâtres à Mareth, l'ancienne et la nouvelle Matamata, Kébili, Douz , Souk Lahad, Tozeur, Nefta, Hazwa, Belkhir, et Menzel Lahbib. Rappelons que le tarif de l'eau est le même pour tous les Tunisiens, quelleque soit la région, bien que le prix de revient par mètre cube dessalé varie d'une région à une autre. En vue de réduire la consommation d'eau et sensibiliser les entreprises quant à la nécessité d'économiser l'eau, plusieurs incitations financières sont instituées au profit du secteur public et privé. Il s'agit de l'octroi d'une prime spécifique représentant 50% du montant des investissements avec un plafond de 2500 dinars pour les opérations relatives aux diagnostics obligatoires des installations d'eau. Autres incitations, l'octroi d'une prime spécifique de 20% du montant des investissement avec un plafond de 15 000 dinars pour les actions réalisées par les PME dans les domaines de la recherche, la production et l'utilisation des ressources hydrauliques dans les différents secteurs à l'exception du secteur agricole. A noter que les opérations de diagnostic des systèmes internes d'eau des gros consommateurs, entreprises et hôtels en particulier, sont obligatoires une fois tous les cinq ans. Néanmoins, cette surconsommation d'eau (consommation ordinaire et fuite d'eau) persiste encore. Elle peut aller jusqu'à 800 litres/jour/lit dans les établissements hospitaliers, 100 l/j/agent dans les administrations publiques, 550 l/j/résidant dans les établissements hôteliers et 300 l/j/étudiant dans les établissements universitaires. La consommation dans ces lieux publics est deux fois supérieure à celle des ménages.