La plupart des fonctions administratives du secteur public sont stressantes et exténuantes sans pour autant être motivantes du point de vue financier. A l'Université, on en compte plusieurs qui n'ont rien d'une sinécure. Etre par exemple doyen, vice-doyen, directeur d'institut, secrétaire général ou directeur de département, ce n'est jamais de tout repos. Cette dernière charge (« chef de département », comme disent certains) est des plus pénibles et paradoxalement des plus ingrates. Pour un travail colossal et quasi quotidien, on n'y est récompensé que de menus privilèges et d'une prime qui ne couvre pas le dixième des dépenses consenties. Ce qui accroît la pénibilité de cette fonction c'est surtout qu'elle met le chef de département en relation directe et permanente avec ses collègues enseignants dont il faut gérer les demandes légitimes comme les caprices et les humeurs. En cette période de l'été, ils se plient en quatre (au sens littéral et imagé de l'expression) pour satisfaire au mieux les vœux de leurs collègues à propos des emplois du temps, des niveaux d'études à attribuer, du nombre de groupes etc. Rares sont les bénéficiaires de ce labeur qui se portent volontaires pour venir en aide à leurs directeurs de département dont on n'attend le plus souvent que des faveurs, des autorisations de s'absenter, des coups de pouce pour faire partie de tel ou tel stage d'études à l'étranger, des allègements d'horaires, des dispenses de réunions départementales et bien d'autres services « amicaux ». Malheur au chef de département qui s'en tient aux règlements et ne ménage personne aux dépens d'autrui. Il sera traité de tous les noms et aura à répondre auprès de ses supérieurs de toutes sortes de questionnaires motivés par les rapports « accablants » de ses administrés. Des abus à bannir Il faut reconnaître, d'un autre côté, que certains parmi les universitaires élus ou désignés aux postes de doyen, de directeur d'institut ou de directeur de département perdent quelque peu le sens de la mesure. Récemment, le ministère a démis de ses fonctions le directeur d'un institut supérieur qui faisait des siennes avec ses collègues enseignants. Loin de nous l'idée de généraliser les cas de comportements abusifs et irresponsables parmi les chefs d'établissements universitaires, puisque la plupart d'entre eux s'en sortent plutôt bien avec les enseignants comme avec les fonctionnaires de leurs administrations. Cela ne nous empêche pas de dénoncer les velléités individualistes et même tyranniques de certains qui ne veulent en faire qu'à leur tête et refusent la concertation collégiale, principe sur lequel repose le bon fonctionnement de toute administration saine et efficace. Nous nous rappelons à ce propos l'exemple d'un directeur d'institut supérieur qui rejeta longtemps l'idée de créer un conseil scientifique dans son établissement alors que toutes les conditions y étaient réunies pour donner jour à cette instance démocratique interne. Acculé plus tard à la création de ce conseil, il n'en continua pas moins à multiplier les décisions unilatérales et à susciter la colère et l'indignation de la plupart de ses collègues. Il existe sans doute des cas plus accentués de « centralisation de la décision », mais comme notre pays engage actuellement un débat national sur les meilleures réformes à décider pour améliorer la qualité de notre enseignement et de tout notre système éducatif, il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'en l'absence, dans nos établissements scolaires et universitaires, de rapports sains entre l'administration et les enseignants, l'amélioration souhaitée restera à jamais un vœu pieux. Organisation rationnelle et motivation Pour qu'il en soit autrement, il faudrait peut-être généraliser le principe de l'élection des directeurs d'établissements à tous les cycles de l'enseignement. Sinon, nous recommandons de désigner aux postes importants de responsabilité les postulants (volontaires) les plus méritants et surtout ceux qui font l'unanimité autour de leur sérieux, de leur intégrité et de leur aptitude à gérer convenablement une communauté nombreuse et hétéroclite d'administrés. Il importe aussi d'encourager la création au sein de chaque établissement de cellules consultatives réellement représentatives où s'élaborent démocratiquement les grands projets et où se décident les mesures importantes relatives à la bonne marche de l'institution. La démocratie ne doit pas être un vain mot dans nos administrations et a fortiori dans nos écoles. Pour ce qui est de la motivation financière, elle n'est pas en reste : les primes de fonction doivent être régulièrement révisées notamment pour récompenser les différents « chargés de missions» à la mesure de leurs sacrifices. Dans ce sens, des majorations substantielles ont été décidées récemment dans les primes de fonction des recteurs (augmentation de 215 dinars), des recteurs adjoints, des doyens et des directeurs Catégorie A (205 dinars), dans celles des doyens et directeurs Catégorie B (158,500 dinars), des directeurs d'études et de stages, des vice-doyens (130 dinars) et dans les primes des directeurs de départements et des directeurs d'unité de recherche (80 dinars). Environ 2400 universitaires relevant de divers ministères bénéficieront de ces augmentations*. Plus de la moitié d'entre eux ont le grade de maîtres-assistants ou d'assistants. Signalons enfin que ces augmentations prennent effet à partir d'août 2009. Nul doute qu'une telle mesure se répercutera positivement sur le rendement de tous ces fonctionnaires et sur les conditions de travail de leurs administrés. Badreddine BEN HENDA *Selon le décret 471 de l'année 2010 datant du 15 mars 2010 paru dans le bulletin de la Fédération générale de l'Enseignement supérieur.