Depuis quelques années, pédagogues, enseignants et administrateurs appellent à une révision du temps scolaire. Le ministère de l'Education a même sollicité l'avis des parties concernées (corps enseignant, OTEF, syndicat …) en vue de recueillir leurs suggestions en la matière. Plusieurs propositions ont été retenues et, croit-on savoir, le ministère de tutelle se penche actuellement sur le dossier du calendrier scolaire. Cette question a fait récemment l'objet d'un Conseil ministériel dans le cadre de l'amélioration de la qualité de l'enseignement de base et du système éducatif en général. Plusieurs mesures vont être prises immédiatement dès la rentrée prochaine concernant l'enseignement des langues étrangères, le système d'évaluation et le passage de classe. Des changements auront lieu au niveau des programmes d'enseignement, de la formation des enseignants et du temps scolaire. Concernant ce dernier point, il a été convenu d'adopter, pour une première étape, une expérience pilote pour la séance continue. La rentrée prochaine verra-t-elle un changement dans l'organisation de la vie scolaire ? Un temps scolaire vétuste D'aucuns pensent aujourd'hui que le rythme scolaire dans notre pays n'est pas bien adapté à celui de la vie de l'enfant, en famille et en société. Avec un emploi du temps de 32 à 35 heures par semaine et des journées pleines qui finissent à 18h, un enfant de collège n'est plus capable de tenir le coup, n'ayant pas assez de temps de repos pendant la journée ni durant les week-ends qu'il passe dans la révision ou dans les cours particuliers. Il n'a plus assez de temps pour les loisirs ni pour les clubs scolaires qui sont de plus en plus désertés par nos élèves. Or, nul n'ignore l'utilité de ces activités sportives, culturelles et artistiques pratiquées au sein de l'école pour l'équilibre physique et mental de l'élève et surtout pour sa relation d'appartenance à l'institution scolaire. Le boom technologique qui rend l'accès à Internet et l'usage des réseaux sociaux une chose très banale chez nos enfants qui sont enclins à passer des heures entières scotchés devant leur ordinateur, chez eux ou dans des publinets, ce qui a créé une rupture avec l'école, considérée comme étant en retard par rapport aux nouvelles technologies disponibles en dehors de l'établissement scolaire. L'enfant se sent plus rapproché de l'ordinateur que de son école ou son enseignant, si bien qu'il considère l'ordinateur comme un outil plus efficace et plus performant que les cours reçus en classe ou les activités extrascolaires exercées dans un club scolaire. Cette fracture dans la relation élève/école semble s'accentuer d'année en année, tant que des mesures draconiennes ne sont pas encore prises en vue d'une reconsidération du temps scolaire. Des choix multiples L'objectif est désormais clair : réconcilier l'élève avec son milieu scolaire et, partant, améliorer les performances de notre système éducatif. Pour ce faire, les parties concernées ont formulé diverses propositions. Certains proposent le retour au système de deux semestres, de sorte qu'il y ait deux examens semestriels, au lieu de l'actuel régime basé sur trois examens trimestriels. D'autres sont pour un allègement de tous les programmes officiels, en fonction de l'apport des nouvelles technologies dans l'enseignement, quitte à transformer certaines matières secondaires en matières à option (musique, dessin, sport, théâtre…) susceptibles d'être enseignées ou pratiquées dans des clubs. Ainsi, seuls les élèves motivés suivront ces matières (chacun selon son choix et sa vocation), ce qui permettra de gagner assez de temps libre à consacrer aux différentes activités sociales, culturelles et scientifiques au sein de l'établissement. D'autres encore souhaitent la pratique de la séance unique dans les établissements scolaires, de 8h à 14 h sans interruption à 12h. L'expérience a montré que les élèves sont plus attentifs et plus appliqués dans les heures matinales et qu'ils sont moins concentrés pendant les séances d'après-midi où des cas de somnolence se font souvent remarquer. Quand les élèves seront libres durant tout l'après-midi, ils auront assez de temps pour s'inscrire dans différents clubs scolaires qui devront être bien équipés, bien organisés pour pouvoir polariser l'attention et l'intérêt des élèves. Pour ce qui est du calendrier des vacances scolaires, lui aussi, devrait subir des changements ; non qu'il y ait actuellement trop de vacances durant l'année scolaire mais parce qu'elles ne sont pas bien réparties. Le système du contrôle continu devrait en outre être l'objet d'une révision rigoureuse : le nombre de tests, de devoirs de contrôle ou de synthèse, le nombre d'heures hebdomadaires accordées à certaines matières et les coefficients attribués à ces matières devraient être mis en question au cas où des changements au niveau des programmes ou des vacances scolaires seraient opérés. Implication de toutes les parties Les mesures annoncées récemment concernant la nécessité de réviser le temps scolaire en adoptant une expérience pilote pour la séance continue seront sans doute bien accueillies par les parties intéressées. Encore faut-il que toutes ces parties soient consultées pour mettre au point ce projet de séance unique tant espéré par la majorité et qui est d'ailleurs appliqué depuis de longues dates dans plusieurs pays européens et arabes où il fait sa preuve dans la mesure où le rythme scolaire est allégé et l'accent est mis sur les activités extrascolaires qui sont nécessaires à l'émancipation des jeunes et à l'amélioration de leurs résultats scolaires. Enseignants, parents d'élèves, inspecteurs, pédagogues et toutes les organisations en rapport avec l'éducation (OTEF, Syndicats, administration…) devraient mettre la main à la pâte. C'est que la question du temps scolaire suppose l'intervention de toutes les parties concernées et peut faire intervenir d'autres secteurs sociaux et économiques qui seront touchés par tout changement survenu au niveau du calendrier scolaire : l'horaire des transports publics, l'horaire des jardins d'enfants et des crèches… Nous avons appris de sources syndicales autorisées que le syndicat de l'enseignement de base approuve de telles mesures visant à améliorer le temps scolaire dans le cadre d'une nouvelle approche de la vie scolaire et de l'école de demain. Cependant, il faut que les meilleures conditions soient réunies pour réussir la séance unique dans l'enseignement. Au niveau de l'institution scolaire, par exemple, il faudrait préparer l'infrastructure nécessaire (nombre de salles, cadres, équipements, conditions de travail…) avant même de démarrer cette expérience, quitte à l'installer progressivement et sur plusieurs années.