Le Ballet Inana de Syrie a fasciné, jeudi dernier, le public du théâtre municipal par ses danses classiques et orientales. Plus de 50 danseurs et danseuses, aux costumes flamboyants et aux corps souples et fluides, ont émerveillé l'assistance très nombreuse ce soir-là à la bonbonnière, par leur jeu théâtral performant et la grâce de leur gestuelle qui racontait l'histoire de la reine Khatoun. L'histoire se passa au 7ème siècle de l'Hégire (13è siècle après Jésus-Christ). Le Roi Juste, frère de Salaheddine, qui régnait sur Alep eut une fille qu'il nomma «Dhaïfa». Le Sultan Salaheddine désigna son fils «Al Dhaher Ghazi», à la tête du royaume d'Alep à la place de son frère le Roi Juste qui fut transféré au Caire. Plus tard, Al Dhaher Ghazi demanda la main de sa cousine Dhaïfa qui devint la reine Dhaïfa Khatoun d'Alep. Ils vécurent heureux et eurent un enfant qu'ils nommèrent Aziz Mohamed, le prince héritier. Le père mort, ce fut la reine Khatoun qui accéda au trône ; son fils étant encore mineur. Elle paracheva les projets de son époux et resta fidèle à ses principes. Sous son règne Alep connut une période de progrès et de prospérité dans tous les domaines : elle diminua les impôts, amena l'eau potable chez les habitants, s'occupa de l'industrie et du commerce, conclut des accords avec des commerçants étrangers, ouvrit les écoles et gagna des guerres contre les ennemis. Toutes les étapes de cette histoire furent personnifiées en chants et en danses par les membres de la troupe. On eût cru, à certains moments, vivre une étape lointaine d'une histoire arabe glorieuse et lumineuse ! Le public s'est merveilleusement régalé de plusieurs tableaux de danses soufies, de chants spirituels et de mouwachahat andalouses. Moralité de l'histoire : cette œuvre met en relief le rôle social, économique, culturel et civilisationnel de la femme arabe et sa capacité de gérer les affaires politiques tout en étant épouse fidèle et mère exemplaire. La Troupe Inana, fondée en 1990, est dirigé par Jihad Meflah. Elle tire son nom de l'art, de l'amour et de la littérature chez les Syriens de l'époque ancienne. La conception des chorégraphies est assurée par Albina Belova Elle est constituée de 100 danseurs et danseuses ayant une formation professionnelle en matière de danse et de théâtre. L'histoire et la civilisation arabe sont les thèmes essentiels des œuvres de cette troupe qui mettent l'accent sur le patrimoine folklorique en y introduisant les techniques modernes du ballet. Elle se produisit dans plusieurs pays du monde et connut un grand succès. «Avec Inana, précisa Jihad Meflah, directeur du ballet, nous avons choisi la communication avec l'autre et tendre la main vers ceux qui militent pour la paix, la dignité et le bonheur de l'humanité en employant le moyen le plus connu et le plus compréhensible de tous (la danse). Par notre créativité artistique, nous visons à établir des liens de fraternité entre les peuples du monde.» Hechmi KHALLADI ------------------ Les à-côtés du spectacle : **La bonbonnière était archicomble une heure avant le début du spectacle. Certaines gens ont dû passer la soirée debout pour ne pas rater les prestigieuses scènes chorégraphiques présentées par les danseurs et danseuses. ** Ce soir-là, les climatiseurs n'étaient pas fonctionnels et le public a pu trouver un peu de rafraîchissement grâce aux dépliants qu'il utilisait en guise d'éventails. ** Les deux rangées, supposées être réservées strictement aux journalistes, furent prises d'assaut dès l'entrée au théâtre, si bien que la majorité des collègues étaient contraints d'occuper des strapontins ou de rester debout. ** Le spectacle n'a duré qu'une heure seulement durant laquelle le public a vécu tout un siècle d'histoire (13ès.) plein d'événements, de romances et d'exploits artistiques. ** A la sortie du théâtre, on n'entendait que des paroles élogieuses et des superlatifs d'admiration de la part des gens qui venaient de voir le spectacle : une satisfaction générale envers ce ballet classico-contemporain.