La deuxième édition du Festival du « oud » s'est réduite cette année à des récitals musicaux qui n'ont pas vraiment drainé la foule. Ainsi conçue, pouvait-elle aspirer à l'envergure et au rayonnement souhaités ? Nous ne le pensons sincèrement pas. L'idée de départ est bonne, géniale même dans la mesure où il s'agit, à travers cette manifestation, de défendre et de sauvegarder un instrument précieux et richement expressif du patrimoine musical oriental et mondial. Or, la 2ème session du Festival du « oud » célèbre davantage les instrumentistes que le luth lui-même. Pour mieux conserver la vocation initiale de la manifestation, et en même temps pour en agrandir les ambitions, il faudrait peut-être organiser autrement le Festival et revoir son contenu. Nous présentons, dans ce sens, un ensemble de suggestions (pas tellement coûteuses) de nature à susciter un plus grand intérêt pour le « oud » et à assurer un succès plus retentissant au Festival de la maison Ibn Rachiq. Enrichir et varier le programme du festival Tout d'abord, pensons à organiser, en marge des spectacles, des expositions-ventes, des conférences, des concours, des ateliers, des rencontres sur le luth oriental et sur les instruments apparentés. Il n'est pas sûr en effet que cet instrument et ses « cousins » soient bien connus des Tunisiens. On pourrait inviter des luthiers qui raconteraient à leur manière l'histoire du « oud » (sa fabrication, la matière dont on le conçoit, les innovations introduites dans le secteur, l'état du marché etc.). Des solistes jeunes ou confirmés peuvent être invités à Ibn Rachiq pour dévoiler les secrets de leur passion et les difficultés de l'apprentissage et de l'exercice du métier de luthiste. Pourquoi d'autre part, ne pas songer à des concerts de rues ou à des récitals en plein air, dans les cafés et autres espaces publics et ce, pour aller vers le public plutôt que d'attendre qu'il vienne plus spontanément. Au lieu de concerts séparés, penser à organiser des soirées communes pendant lesquelles on écouterait en plus des luthistes invités, des enregistrements de solistes tunisiens et étrangers de renom. Un concours littéraire et poétique sur le luth et les autres instruments de musique confèrerait au Festival une nouvelle dimension et illustrerait les liens étroits entre création littéraire et génie musical. Des artistes peintres peuvent prendre part à une joute du même genre. Mais le plus important à notre avis, c'est de programmer la manifestation en dehors de la saison chaude et de lui épargner la concurrence des festivals de plus grande taille. Au cas où la concrétisation de nos suggestions pèserait sur le budget de la maison, il est possible soit de solliciter l'aide financière de quelques sponsors généreux, soit de répartir le Festival sur deux ou trois espaces culturels de la capitale. Et puis, M. Hamadi Mezzi, directeur de l'espace organisateur, ne peut-il pas compter cette fois encore, sur ses excellentes relations avec les artistes de tous bords, pour que ces derniers se contentent de cachets symboliques ?! En tout cas, il faut voir plus grand pour que les mélodies du Festival du « oud » résonnent le plus loin possible. Nous pensons à peu près la même chose à propos de la semaine « Ahazij tounissiyya ».