Les trois premières soirées de la semaine musicale «Ahazij tounissiyya», organisée à la maison de la culture Ibn Rachiq à partir du 14 août et jusqu'au 21 de ce mois, n'ont pas connu le succès populaire escompté. Pire encore, lundi soir, Slah Mosbeh s'est produit devant seulement une dizaine de spectateurs pour la plupart invités par le chanteur ou par la direction de l'espace culturel. Pourtant les trois programmes avaient de quoi séduire un plus large public et le cadre où se tenaient les concerts était des plus agréables : climatisation impeccable, confort des chaises, accueil agréable, bonne qualité de la sonorisation etc. Manifestement, la maison de la culture Ibn Rachiq s'est fait une solide réputation d'espace culturel estudiantin si bien que pendant les petites ou grandes vacances scolaires, elle peine à accueillir un public différent. C'est sans doute un des facteurs premiers qui expliquent la désaffection constatée chaque fois qu'une manifestation culturelle ou artistique y est organisée en dehors de la période des études. Située sur une artère très fréquentée à proximité d'une importante station de métro et possédant une triple vitrine d'affichage donnant sur l'avenue de Paris, la maison de la culture Ibn Rachiq n'a pas besoin de grandes campagnes publicitaires pour promouvoir les spectacles et expositions qu'elle programme. Concernant l'affichage relatif à la manifestation ramadanesque «Ahazij tounissiyya», il n'a certes pas excédé les murs de l'espace culturel où elle se tient, mais la radio et la presse ont annoncé dans le détail le calendrier des soirées. Seulement voilà, jusqu'à lundi dernier, les «Mélodies tunisiennes»d'Ibn Rachiq n'ont été écoutées que par à peine 150 spectateurs répartis sur trois spectacles ! Où est passé le public ? La première soirée (concert du chanteur populaire Abderrahmane Chikhaoui) commença avec plus d'une demi-heure de retard, mais le gala tint toutes ses promesses et l'ensemble nous régala avec de magnifiques airs «aroubi» merveilleusement interprétés par Chikhaoui et son excellent accompagnateur Mondher Jebabli. Le chœur entièrement féminin, composée de Lobna Nagri, Naouel Souibti et Hajer Ghars, nous gratifia lui aussi de ses meilleures potentialités. Quant au jeune batteur de tambour Moez Harakati, il anima la soirée exactement comme s'il s'agissait d'une vraie fête de rue ! Une autre mention spéciale reste à accorder à l'excellent flûtiste de la troupe. Le lendemain, on céda la scène à Khira Abassi et à son spectacle baptisé «Jayba Khbar». Aux dires de M.Hamadi Mezzi, directeur de la maison de la culture Ibn Rachiq, (qui soit dit en passant espérait ressusciter à sa manière l'ambiance des cafés chantants du début du vingtième siècle), la soirée fut réussie. Lundi soir, le concert de Slah Mosbah mit du temps pour commencer et pour résoudre quelques problèmes de son. Accompagné de son ensemble composé de 23 musiciens et dirigé par l'excellent Skander Gharbi, notre artiste, visiblement contrarié par l'absence de spectateurs, chanta du mieux qu'il put ses toutes nouvelles compositions et un beau duo avec une jeune recrue. Nous avons aussi beaucoup aimé «Tanhida», «M'nama Touila», «La tes'al». Nous avons en revanche moins apprécié la chanson sur le rendez-vous amoureux manqué qui pourtant porte tous les espoirs de Slah Mosbah. Dommage donc que le public n'ait pas été nombreux pour partager avec nous cette soirée artistiquement honorable. C'est en tout cas à charge de revanche pour Slah, puisqu'il lui reste une chance de drainer très bientôt la foule des grands jours : ce sera le 1er septembre prochain aux Jardins du Palais Kheireddine, dans le cadre du Festival de la Médina.