A 23 ans, Houda Miled détient le meilleur palmarès féminin du sport national. Le 29 août 2009 à Rotterdam, elle a offert à la Tunisie son premier podium mondial dans un sport olympique. En 2006, elle a brigué aussi la 3ème place mondiale chez les juniors et en 2009 Miled a remporté la médaille d'argent aux jeux méditerranées de Pescara .Sur le plan continental, elle a aligné cinq titres de 2005 à 2010. Seul, un podium olympique manque à son riche palmarès, elle est plus que jamais décidée à aller le chercher en 2012 à Londres. -Le Temps : Si tu nous compares le volet préparation des mondiaux 2009 et 2010 ? -Houda Miled :Je crois que les grandes lignes de préparation des deux saisons sont comparables en terme de stages et de tournois avec la seule différence que le nombre d'échéances officielles a diminué avec toujours les mondiaux et les championnats d'Afrique en 2010 alors que l'an dernier, ce fut infernal avec en plus les jeux méditerranéens et ceux de la francophonie. -Tu retrouves la plénitude de tes moyens dans la catégorie des -70kg ? -En fait, j'ai retrouvé la catégorie de mes débuts internationaux en 2005 lors des mondiaux du Caire. J'ai effectué un passage chez les -78 kg qui fut couronné d'une médaille de bronze aux mondiaux juniors en 2006, ce qui m'a permis d'évoluer dans cette catégorie jusqu'aux JO 2008. Avec l'arrivée de M Lounifi en 2009 et l'entrainement auquel j'ai été soumise, j'ai perdu naturellement du poids sans vraiment torturer mon corps. Ceci a facilité mon passage concluant chez les -70kg avec ce podium remporté aux mondiaux 2009. Ce fut un choix concerté que j'ai assumé sans la moindre contrainte. -Ton 5ème titre africain remporté à Yaoundé en avril dernier doit avoir un goût particulier ? -Le judo Tunisien n'a plus remporté de médaille d'or en -70kg depuis la victoire de Saida Dhahri en 1999 en dépit des efforts de ma coéquipière Yousra Zribi qui a toujours raté de peu la plus haute marche du podium .Il faut dire qu'il s'agit d'une des plus difficiles catégories féminines en judo. «Capable de battre les meilleures» -Quel a été ton sentiment le 7 février 2010 lors du tournoi du Grand Chelem à Paris , après avoir vaincu la championne du monde en titre, la Colombienne Yuri Alvear ? Ce fut un moment bien particulier où j'ai confirmé comme lors des mondiaux 2009 que j'étais en mesure de battre les meilleures. Dommage que je n'aie pas eu la chance de la croiser lors de la finale des championnats du monde d'autant que son style de jeu me convient bien. -Le GP des Tunis est devenu depuis 2009, un événement international incontournable durant lequel tu as connu des hauts en 2010 et des bas en 2009? J'ai traversé une période difficile durant les premiers mois de 2009 où j'ai même perdu à Maurice pour la première fois depuis 2005 mon titre africain des -78kg. Le GP de Tunis disputé quelques jours plus tard ne pouvait pas tomber plus mal. En 2010, j'ai terminé 3ème après ma défaite lors des demi finales face à une Japonaise, j'espère faire encore mieux dans l'avenir. «Contre les nouvelles règles de la FIJ» -En observant ton tableau de marche en 2010 , on a constaté que trois différentes concurrentes japonaises t'ont barré la route aux tournois de Paris , Budapest et Tunis. Ce constat n'est-il pas inquiétant avant les mondiaux prévus justement au Japon ? Je suis consciente que j'ai encore beaucoup à faire pour contrecarrer le style particulier des concurrentes Japonaises, je vais encore vous surprendre en vous annonçant qu'il y'a encore d'autres Japonaises aussi compétitives dans ma catégorie de poids. Je dois faire avec et continuer à bosser dur pour les battre un jour. -Que penses- tu de cette nouvelle règle de la FIJ qui a décidé d'autoriser la participation de deux judokas d'un même pays par catégorie ? Notre mission sera encore plus difficile de briller avec cette nouvelle règle, c'est évident que cette décision a été faite pour favoriser les grandes nations du judo comme le Japon, la Chine, le Brésil et les Européens qui peuvent ainsi doubler leur participation avec la même qualité de judokas. C'est vraiment frustrant pour moi et les concurrents Africains. J'espère que cette règle ne sera pas appliquée aux jeux olympiques. -Tu es pour la décision de la FIJ de faire disputer les mondiaux annuellement dès 2010 en dehors des années olympiques ? Je n'approuve pas du tout aussi cette décision, les athlètes ont besoin de récupérer et de se reposer, c'est déjà assez avec les championnats continentaux et les tournois de GP et du grand chelem disputés annuellement. On ne devrait pas aller jusqu'à banaliser les championnats du monde alors que l'on s'impatientait pour aller les disputer. «Une première au Japon» -Un mot sur le dernier stage final de la préparation qui a eu lieu en Slovénie ? Les conditions de préparation étaient bonnes même si j'ai dû contracter une blessure à l'épaule qui a nécessité des séances rééducation. J'ai été contrainte d'aménager mon épaule et à baisser le rythme de mes entrainements. -Comment se présente cette édition 2010 des mondiaux surtout en terre japonaise où le judo est roi? Ca sera une première de disputer les mondiaux au Japon où mon entraineur a brillé en 2003 en remportant la médaille de bronze. je ferais tout pour suivre son exemple, briller de nouveau en défendant avec succès ma médaille de 2009. -Quelles seront tes principales rivales à Tokyo ? En plus des Japonaises, il y'a la Hongroise Meszaros, la Française Decosse, la Cubaine Hernandez et la Néerlandaise Bosch. -Les jeux olympiques sont à mi parcours, tu es toujours aussi déterminée a relever de nouveau ce grand défi ? J'ai déjà raté les JO de Pékin pour une blessure bête survenue lors du stage final au Japon alors que j'étais en grande condition. Cette blessure a freiné l'élan de ma préparation. J'ai pourtant fait jeu égal lors du 1er tour avec la future médaillée de bronze la Française Possamai qui s'est imposée dans les dix dernières secondes. A Londres, je voudrais rentrer dans l'histoire en devenant la première athlète féminine Tunisienne à briguer un podium olympique. Interview réalisée par Chaker BELHAJ