Les politiciens sont un peu les pédagogues des peuples ! De Staline à Mao, de De Gaulle à Castro et j'en passe la liste est longue, tout homme qui s'engage dans cette carrière finit par croire à « son destin » à « son étoile », mais à condition de bien s'y préparer. C'est que la politique est aussi un métier qui nécessite une formation, pas nécessairement académique, mais sociale, idéologique et surtout praticienne. Du temps de Machiavel (Le Prince), un bon politicien c'est celui qui a suffisamment de savoir faire pour synthétiser l'usage de la force et de la ruse ! Avec Alexis de Tocqueville, (De la démocratie en Amérique), la réussite politique sourit à celui ou ceux qui peuvent combiner la liberté, l'égalité et la sûreté. Avec les modernes surtout la science politique américaine et l'un de ses maîtres penseurs. David Easton*, la bonne politique c'est celle qui permet à un système, quel qu'il soit, de survivre et d'assurer ses équilibres par une constante adaptation aux exigences aussi bien de l'environnement intra-sociétal, que de l'environnement extra-sociétal. C'est ce qu'il désigne par la « persistance » ou la durée. Pour cela notre éminent professeur conseille aux politiciens d'être à l'écoute des appels et des exigences de la société, sinon il y a risque de crises, qui peuvent atteindre un seuil critique par le phénomène de l'accumulation. Ils se doivent par ailleurs de répondre aux exigences populaires et de mobiliser les organes de « soutien » dans le système politique et social. Ces soutiens vont de la bonne décision de gouvernance, à l'appel des sentiments patriotiques, aux charismes des dirigeants et des leaders, et même parfois aux sentiments religieux ! Par ailleurs, il est impératif de mettre en bon usage les canaux de « respiration » des systèmes et d'absorption des vagues de revendications sociales économiques et politiques. Ces structures jouent en quelque sorte le rôle de « poumons » dans le corps social et permettent aux partis politiques, aux syndicats professionnels, aux associations et bien sûr aux médias de jouer un rôle modérateur des crises aiguës ! La persistance des systèmes politiques est par conséquent largement tributaire de la bonne fonctionnalité de ces structures qui gravitent à la périphérie des « boîtes de commandement » que sont les gouvernements ! Evidemment, si un système politique n'arrive pas à mobiliser ses « soutiens » il peut s'installer dans la crise et finir par craquer du fait de ce que Easton appelle : L'embouteillage des exigences et des revendications sociales. Cette traversée rapide des méandres de la théorie politique moderne peut nous aider par exemple à comprendre ce qui s'est passé dans le passé récent avec l'effondrement de l'Union soviétique ou du mur de Berlin. Les systèmes de l'époque n'étaient plus capables de diffuser « leurs valeurs » idéologiques dans la société ni de mobiliser les soutiens des structures populaires et par conséquent de gérer ou de faire face à des crises graves. Plus proches de nous certains systèmes politiques Arabes sont confrontés à des menaces similaires. L'Iraq, le Soudan, la Somalie et le Yemen sont confrontés aux plus graves crises de leur histoire moderne. Certains comme le Soudan ou l'Iraq risquent la décomposition. Les autres n'en sont pas loin ! A leurs élites de méditer sur ce qui leur arrive par les fautes de leurs propres dirigeants qui n'ont pas su s'adapter au bon moment aux impératifs des changements ! Khaled Guezmir * (cf. son ouvrage : A systems analysis of political life (1965) - Traduit en français : Le système politique édit. Armand Colin - 1978).