Après les « valeurs » et les « acteurs » nous en venons aujourd'hui à la 3ème composante du système politique: «L'environnement». Les politistes les plus en vue de la 2ème moitié du 20ème siècle notamment les Universitaires Américains : Talcott Parsons et David Easton et qui ont eu une influence considérable dans le siècle y compris même en France, pourtant très jalouse de sa doctrine, affirment que le système politique ne peut être persistant et durable que s'il s'adapte de manière continue aux exigences de l'environnement, interne et externe. Cette adaptation doit se faire dynamiquement avec un renouvellement constant des « soutiens » au système, confronté toujours de par l'évolution naturelle des sociétés et de leurs problèmes, à de nouvelles exigences. Si le système n'arrive pas à s'adapter en mettant en œuvre les mécanismes d'absorption des revendications sociales internes et celles de l'environnement international, il peut être submergé par ce qu'on appelle une accumulation des crises « volume-stress », et sera menacé d'abord dans son fonctionnement puis dans sa survie même. Ces systèmes qui seront finalement emportés sont ceux, qui n'auront pas réussi à développer la sécurisation et la canalisation de la revendication politique et sociale, avec en partie la faillite du système immunitaire institutionnel, la désadaptation du modèle politique en un mot son incapacité structurelle à satisfaire la demande sociale accumulée. C'est ce qui s'est passé dans toute l'Europe de l'Est et même en Union Soviétique à partir des années 70 et c'est ce qui se passe aujourd'hui dans l'ensemble du monde arabe et musulman. Pour notre pays nous sommes dans une étape extrêmement délicate et cruciale pour la réussite de l'institutionnalisation d'un système démocratique et libéral tel qu'il a été établi par les pays de l'Europe de l'Est à la suite de leurs révolutions anti-communistes des années 1990. Le système tunisien pré-établi par la révolution du 14 Janvier n'est déjà plus linéaire ce qui est un bond qualificatif important. Les Partis y compris ceux qui constituaient une menace à la modernisation du temps de l'ancien régime font partie intégrante du système politique embryonnaire. Les médias aussi commencent à jouer les « Gate-Kepers » (gardiens des portières sociales) et la liberté d'expression peut aider le gouvernement à mesurer le pouls social et politique, pour opérer les réajustements nécessaires avant que la crise ne gonfle et ne devienne dangereuse pour la stabilité du régime. M. Caïed Essebsi vient de revenir aux propositions initiales quant à l'empêchement des « Rcédistes » et légitimistes de Ben Ali depuis 23 ans, à se présenter à l'élection de l'assemblée constituante du 24 juillet prochain. Le fait de « plier » sous la pression ne doit pas être perçu comme une « défaite » comme c'était le cas du temps de la dictature. Dans les régimes démocratiques à l'image de l'occident il n'est si dramatique de geler ou d'annuler une décision ou une proposition. Nous sommes tous en période d'apprentissage démocratique y compris le gouvernement. Seuls les dictateurs ont cette susceptibilité et l'effarouchement de ce qu'ils considèrent « leur » sacralité personnelle infaillible ! Ces propos de M. Farhat Rajhi ancien ministre de l'Intérieur qui dénotent un « amateurisme » politique bien irresponsable vues, les circonstances actuelles et la fragilité sociale, ne devraient pas avoir plus de proportions incitatives à la dérive sécuritaire. Un homme politique qui s'exprime mal, on en voit tous les jours dans le monde. M. Obama ne s'est-il pas rétracté après le discours du Caire ! Mais de là à tout mettre en cause et surtout en péril notre jeune démocratie, ce serait l'échec amer et à la fuite en avant vers l'inconnu. Toutes les forces politiques et les composantes de la société civile doivent agir pour le rétablissement de la paix et de la sécurité et surtout aller de l'avant vers le fondamental et le stratégique : la construction d'un système démocratique durable et irréversible. Encore une fois la sécurité, en temps de crise, prime la liberté même en démocratie. Ceux qui l'oublient se trompent lourdement! Mais le mieux serait d'apprendre à combiner la liberté avec la sécurité ! K.G