C'est en quelques mots en arabe- difficilement prononcés mais avec beaucoup de volonté- que M. Pierre Ménat, Ambassadeur de France en Tunisie a donné les offices marquant ainsi la rentrée pour la diplomatie française. Le rendez-vous incontournable avec le corps de la presse nationale en vue d'évoquer l'ensemble des événements ayant eu lieu depuis ses prises de fonction ainsi que l'annonce des événements prévus pour la rentrée. Une rentrée placée sous le signe de la coopération entre les deux pays. Une coopération qui s'affirme davantage d'année en année et ce, sur le plan économique, culturel et social. La rencontre de M. Pierre Ménat avec la presse a surtout été l'objet de discussions sur les projets culturels envisagés dans un futur proche avec de surcroit une nouvelle équipe au sein de l'Institut Français de Coopération (IFC). Entouré des représentants de la presse nationale, l'Ambassadeur de France a réitéré son intention à n'épargner le moindre effort afin de continuer dans la démarche de consolidation des relations tuniso-françaises. Convaincu du potentiel qui reste encore à exploiter à plusieurs titres, M. Pierre Ménat confirme une fois de plus son dévouement et son engagement profond dans le développement de la coopération économique et financière. Les domaines d'action les plus visés par la diplomatie française sont en l'occurrence la culture (l'audio-visuel pour être précis), l'Europe, l'emploi et la coopération décentralisée. Sur la question de l'emploi, un bref bilan du Forum de l'emploi a été procédé par M. Pierre Ménat. Ce forum a, rappelons-le, été organisé en Tunisie en avril 2010 avec la collaboration de l'Union Tunisienne de l'UTICA, du ministère de l'Emploi et de la Chambre Tuniso-Française du Commerce et de l'Industrie (CTFCI). A ce propos l'Ambassadeur a affirmé : « nous savons que pour la Tunisie, l'emploi demeure une priorité nationale. A travers ses entreprises, la France confirme de plus en plus sa présence tout en entretenant une coopération multiforme avec les autorités tunisiennes. Le but étant d'améliorer l'accès à l'emploi aux demandeurs tunisiens et ce dans un sens bénéfique pour la Tunisie et la France. » Quant aux chiffres réalisés par le forum de l'emploi et rappelés par M. Pierre Ménat, il s'agit de 2000 visites; 400 demandeurs d'emplois ont été embauchés, et 500 contrats de formation ont été signés, au cours des deux jours de la manifestation. A ce niveau, une certaine mise au point s'impose : cette opération est-elle conçue pour se prolonger dans la durée ou seulement pour marquer un simple coup ? La réponse de l'Ambassadeur a été claire et pour le moins rassurante, cette opération s'inscrit bel et bien dans la continuité et ce, par le biais de moyens pertinents et efficaces à l'instar du site internet reproduisant de façon virtuelle le forum de l'emploi. Et bien entendu, à travers l'organisation d'une deuxième édition qu'elle soit encore une fois à Tunis ou bien en France. Par ailleurs, et dans le cadre du développement solidaire, l'Ambassadeur de France a mis l'accent sur les nouveaux moyens dont la mise en place a permis la création du CETIM ainsi que d'accommoder l'arrivée du groupe prestigieux Aérolia à Tunis. Toutefois, quand on sait que sur les 9000 emplois offerts par la France aux demandeurs tunisiens, tous secteurs confondus, seulement 2500 ont été accordés, on se doute bien qu'il y a encore matière à promouvoir sur ce plan. Dans un autre registre, l'on a évoqué la présidence de la France du G20 à compter du 12 novembre 2010 pour un mandat d'un an, puis celle du G8 à partir du 1er janvier 2011. Cette double présidence sera couronnée par la tenue de deux sommets à l'issue de l'année prochaine. Sachant que le Président français Nicolas Sarkozy a listé des priorités pour ces deux événements, M. Ménat a tenu à préciser que celles-ci sont aussi élémentaires pour la France que pour la Tunisie. De quoi retourne-t-il au juste ? Trois priorités sont à l'affiche, aussi cruciale l'une que l'autre. En premier rang, il y a la réforme du système monétaire international qui a lésé pas moins de 42 pays touchés de plein fouet par les répercussions fâcheuses de la crise économique et financière mondiale. Conséquence : une plaie profonde dans la balance de paiement. Le constat est loin d'être le même pour la Tunisie, qui a plutôt été et d'une certaine manière à l'abri de ce tsunami économique. N'empêche. La question de la régulation des marchés et du système monétaire international est au cœur de l'intérêt de l'ensemble des pays. En deuxième rang, la réforme du marché des matières premières. Là encore la Tunisie est, à proximité, de la partie. Cette réforme n'inclut pas uniquement l'énergie, elle concerne de même les matières premières et les produits agroalimentaires. Le véritable problème qui se pose est la volatilité des prix et de surcroit pour les pays importateurs. En troisième rang, il y a la priorité de la gouvernance mondiale ainsi que l'avenir de l'économie de marché. L'on peut dire et ceci a été étayé par M. Pierre Ménat, que la Tunisie s'en est bien sortie à la suite de la crise économique en comparaison à d'autres économies. Son taux de croissance en témoigne bien d'ailleurs, il était de 3% au titre de l'année 2009 en affichant une situation monétaire des plus saines. Un indicateur enregistré au cours des six premiers mois de l'année 2010 qui fait office de bonnes perspectives : les exportations tunisiennes sur le marché français se sont légèrement accrues. M. Ménat a souligné que : « l'objectif est d'associer dans la limite du possible, la Tunisie aux grandes priorités et aux débats du G20. Surtout qu'au-delà de 80% des échanges de la Tunisie sont effectués avec l'Europe. Cette Europe qui se confirme en tant que membre influent du G20 sans oublier que la France est le premier partenaire de la Tunisie. Il est question aussi, de réfléchir ensemble, sur la meilleure manière d'utiliser notre capital économique, notamment les entreprises françaises, implantées en Tunisie, et ce dans le but essentiel d'identifier les différents instruments permettant d'accroitre la croissance économique et de contribuer aux perspectives du G20 ». Aussi, l'Ambassadeur a-t-il été appelé à répondre à la question concernant les centres d'appel en Tunisie et leurs perspectives suite à la polémique soulevée en France et des assises de ses structures (devant se tenir en octobre 2010 à Paris). La réponse de l'Ambassadeur a été pas tout à fait précise : « Je ne sais pas trop, si des centres d'appel quitteraient la Tunisie pour réintégrer la France. J'ai toujours affirmé que dans l'espace méditerranéen on ne parle pas de délocalisation. Sans compter que l'installation de PME françaises en Tunisie n'a jamais été en contradiction avec la création d'emplois en France. Au contraire, cela a permis, dans des cas divers, de préserver des emplois en France, tout en créant de l'emploi en Tunisie. Cela est favorable à l'économie, à la croissance, à l'emploi. Ceci étant, si ces entreprises (centres d'appel) auront demain envie de revenir en France, rien ne les empêchera. C'est le marché, l'offre et la demande qui décident. » Une réponse réaliste, en effet, qui témoigne d'un rationalisme, fondement de toute stratégie optimale pour le développement d'une coopération entre deux pays : la Tunisie et la France.