Courant littéraire au départ, le populisme devient avec le temps et l'usage qu'on en fait, une sorte de doctrine politique. Sorti de son cadre fondateur, ce genre littéraire et ce qu'il y a de plus rétrograde et destructif dans sa vision des rapports entre les hommes. Sa vision restrictive et manichéenne constitue un véritable danger pour la coexistence entre les communautés. La résurgence du populisme obéit toujours à une conjoncture donnée. Il se nourrit essentiellement des crises qui secouent épisodiquement, une région ou un pays. Il peut –être aussi suscité par le refus de l'autre dont on voit un danger pour soi, surtout quand cet autre fait entendre sa voix pour revendiquer ses droits. Le phénomène a toujours existé et ses victimes sont toujours les mêmes. Elles sont étrangères où issues de l'immigration quelque soit l'espace d'où elle est venue. Il est tout simplement un reniement des principes fondateurs de la démocratie, de ceux de la déclaration universelle des droits de l'homme et par ricochet un déni de justice, surtout quand du discours on passe à l'acte. C'est devenu une constante au cours de ces dernières années avec la moitié des partis d'extrême droite partout en Europe qui jouent sur l'état de précarité dans lequel vivent des franges entières de leurs sociétés pour les dresser contre celles dans les mêmes conditions, ou pire, mais dont le seul tort est d'être venues d'ailleurs ou d'avoir cherché à afficher une certaine différence comportementale. Ces partis ont aujourd'hui pignon sur rue et parviennent souvent à peser dans les décisions politiques prises par les pouvoirs en place, même si ces deniers ne partagent pas leurs thèses xénophobes. La Ligue du Nord en Italie est l'un des piliers de la coalition gouvernementale. Elle prône tout bonnement la chasse aux immigrés, faisant valoir que tous les maux dont souffre la péninsule ont pour origine cette communauté. En Suisse le parti populiste est parvenu sans difficulté à faire adopter par référendum une loi interdisant la construction des minarets. Au Pays-Bas, le parti populiste carrément islamophobe est devenu à l'issue des dernières législatives la troisième force politique du pays en nombre d'élus. En France la situation n'est pas non plus meilleure, avec l'agitation qui traverse la chasse politique qu'elle soit au pouvoir ou dans l'opposition, et les mesures qu'on compte prendre ou qui sont déjà prises à l'encontre de certaines communautés d'origine étrangère. Les temps pour ces dernières sont très dures et l'hostilité à leur égard est perceptible après notamment cette vague d'expulsions qui a touché les Roms et le démantèlement de plusieurs camps des gens du voyage. Une vague qui a suscité l'indignation du pape et de l'Eglise de France ainsi que celle de l'ONU. Pour sa part l'UE dans un communiqué publié à Bruxelles mardi 14 septembre a qualifié de « honteuse », l'attitude de Paris à l'égard des Roms. Le thème récurrent de la sécurité est souvent évoqué pour justifier telle ou telle mesure mais en filigrane ce sont les électeurs qu'on courtise en prévision des échéances électorales à venir, au point que l'on verse dans la démesure pour commettre l'irréparable. Le danger tout le danger est que les partis traditionnels en France ou ailleurs, dans leur recherche de tirer le tapis sous les pieds de leurs extrêmes droites glissent sans s'en rendre compte sur leur terrain pour réaliser leur programme. Sciemment ou non, l'Europe est aujourd'hui sur une pente dangereuse dans ses rapports avec ses communautés avec cette déferlante qui fait vraiment peur. M.S