Au moins onze personnes ont été tuées et des dizaines blessées par l'explosion d'une bombe lors d'un défilé militaire hier dans le nord-ouest de l'Iran à forte population kurde, un attentat imputé par les autorités à des «éléments contre-révolutionnaire». L'explosion s'est produite en milieu de matinée dans la petite ville de Mahabad, parmi la foule qui assistait à un défilé militaire à l'occasion du 30ème anniversaire du déclenchement de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Selon Vahid Jalalzadeh, gouverneur de la province d'Azerbaïdjan occidental où se trouve Mahabad, l'attentat a eu lieu à «une cinquantaine de mètres de la tribune officielle (...) parmi un groupe de femmes venues regarder le défilé». «Dix femmes et un jeune garçon ont été tués, et 50 personnes blessées dont quinze ont été hospitalisées», a déclaré Ali Nikbakht, le vice-gouverneur de la province, cité par l'agence officielle Irna. « Aucun militaire n'a été tué » dans cet attentat, a-t-il ajouté. Selon la chaîne de télévision en arabe Al Alam, la bombe était placée dans un sac au milieu de la foule des spectateurs. Le commandant militaire de la région, le colonel Ghorban Pashai, a précisé à la télévision d'Etat que le sac, caché dans un buisson, contenait «une bombe à retardement qui a explosé à 10h20 locales» (7H50 HT). La télévision iranienne a montré des images prises au moment de l'attentat, où l'on entend un bruit sourd avant que de la fumée ne s'élève vers le ciel. «Nous assistions au défilé lorsque l'explosion s'est produite. Nous nous sommes tous enfuis», a déclaré à la télévision une jeune fille hospitalisée. Les autorités ont ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de l'attentat, qui n'avait pas été revendiqué en milieu de journée mais a immédiatement été imputé à des «éléments contre-révolutionnaires» par le gouverneur de la province. «Des éléments contre-révolutionnaires ont commis cet acte sauvage pour se venger de la population de Mahabad (...) qui a toujours soutenu les forces armées», a affirmé M. Jalalzadeh sans identifier ces «éléments». «Cet attentat aveugle est une réaction aux coups portés par nos forces armées aux groupes contre-révolutionnaires», a-t-il encore affirmé. Mahabad, ville à population majoritairement kurde, est située dans une région, à la frontière de l'Irak et de la Turquie, qui est régulièrement le théâtre d'affrontements armés et d'attentats imputés par les autorités à des groupes rebelles kurdes. Les autorités accusent les Etats-Unis de soutenir ces groupes basés dans le nord-est de l'Irak, notamment le Komala (marxiste-léniniste) et le PJAK (Parti pour une vie libre du Kurdistan, lié au PKK turc) qui sont les plus actifs. Neuf rebelles et deux membres des forces de sécurité ont trouvé la mort lors de deux affrontements séparés attribués à ces deux organisations fin août et début septembre dans cette région. Washington a toujours démenti les accusations iraniennes. Mais pour l'Iran, «il ne fait pas de doute que cette action a été menée avec le soutien des ennemis», a affirmé M. Jalalzadeh à la télévision d'Etat.