Le Temps-Agences - La situation était confuse en Equateur, hier, après que des manifestations de policiers et de militaires à Quito et à Guayaquil ont dégénéré, faisant craindre un coup de force de l'armée contre le gouvernement du président Rafael Correa. Le bâtiment du Congrès, dans la capitale, a été occupé, en fin d'après-midi, par des policiers mécontents d'une loi qui réduit leurs primes à l'ancienneté, selon une source officielle. Le président Correa, qui affirme avoir été légèrement blessé par les manifestants, accuse l'opposition de chercher à favoriser un coup d'Etat. Il affirme être "quasiment séquestré" dans sa chambre d'un hôpital militaire, où il reçoit des soins, selon le quotidien El Comercio. Il aurait confié à une radio locale qu'il "craignait pour sa vie". "Des policiers tentent d'entrer dans ma chambre par le toit", a-t-il dit. "S'il m'arrive quelque chose, ils seront responsables." Selon le quotidien équatorien Hoy, qui suit les événements en direct, une foule commençait à se masser autour du palais du Congrès pour manifester son soutien à Rafael Correa. Des témoins cités par l'agence Reuters ont fait état de pillages et d'incendies de pneus tout au long de la journée à Quito et à Guayaquil . Dans la capitale, des policiers ont pris une caserne lors d'une manifestation qui a débouché sur des échauffourées et l'emploi de gaz lacrymogène. En raison des troubles, les employés de nombreuses entreprises ont été renvoyés chez eux et les écoles ont fermé plus tôt dans plusieurs villes. Des dizaines de soldats se sont déployés sur la piste d'atterrissage de l'aéroport international, semant la confusion et forçant la direction aéroportuaire à le fermer. Les militaires, qui protestaient contre une loi décidée par Rafael Correa, qui réduit certaines primes à l'ancienneté pour les forces de l'ordre, ont été rapidement désavoués par le chef d'état-major des forces armées, qui a démenti toute tentative de prise du pouvoir. "Nous sommes dans un Etat de droit, nous sommes subordonnés à la plus haute autorité incarnée par monsieur le président de la République. Nous prendrons les mesures qui s'imposent, celles qui seront déterminées par le gouvernement", a déclaré le général Ernesto Gonzalez, se désolidarisant de ses troupes. Jugeant "inacceptable et intolérable" le mouvement de contestation des forces de police, le ministre des Affaires étrangères, Ricardo Patino, a démenti que l'Equateur vivait une situation de soulèvement populaire. "Ce n'est pas une mobilisation de la population, ce n'est pas un soulèvement populaire. C'est une insurrection de policiers qui sont mal informés", a-t-il déclaré à la chaîne de télévisison Telesur. L'Espagne a qualifié l'incident de "tentative de coup d'Etat" et a apporté son soutien au "gouvernement légitime" de Rafael Correa. Les Etats-Unis affirment suivre "de près" la situation.