Et est-ce que ça sera avec perte et fracas ? Difficile de trancher d'avance sur une question qui mérite d'être soulevée, à juste titre, sur la pertinence d'organiser une exposition sur Hitler, la première de l'Histoire paraît-il, abritée qui plus est, par le Musée de l'histoire allemande de Berlin depuis le 15 octobre, lors même que la résurgence des mouvements xénophobes et extrémistes, de par le monde, et pas seulement en Allemagne, n'est pas exactement de nature à favoriser un climat d'optimisme béat. Revisiter la mémoire du «Fuhrer», fut-ce à rebrousse-poil, et loin de l'idée d'encenser le personnage, est un projet à prendre avec des pincettes, dans la mesure où le terrain sur lequel il s'assoit, s'avère être particulièrement miné, pouvant exacerber les sensibilités, dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs, et mettre du feu aux poudres, là où il serait plus adéquat, non pas de «cadenasser» la mémoire, l'empêchant d'opérer à une «catharsis» nécessaire, vitale même, pour retrouver sa pulsion de vie, mais peut-être d'opter pour un chemin de traverse, pour aborder un pan difficile de l'histoire d'un pays, qui n'a eu de cesse d'affronter ses «vieux démons» pour tenter d'en découdre avec un passé, autrement lourd. Le risque étant de contribuer, sans vouloir y toucher, à raviver un tant soit peu la flamme d'un «néo -nazisme» qui trouvera là un exutoire à la haine qui l'anime, et l'occasion de jouer les «parangons» sur les spectres de l'horreur incarnée. Pour autant, sur un autre front, celui de la vérité historique, une telle exposition mérite le détour, l'idée en étant de montrer sans concession, que si Hitler a pu exister, c'est parce qu'il a pu séduire les foules, et manipuler les esprits, jusqu'à un point d'aveuglement sans retour. Ce qui signifie, sans ambiguïté, que la nature humaine étant imprévisible, il y a toujours forcément, la possibilité d'une brèche par laquelle s'engouffre le mal, et à travers laquelle il s'incarne. Et c'est cette faille-là qui pose problème. Exposer le «Fuhrer», même en en rapetissant le modèle pourrait servir à cela : rappeler qu'un «monstre» peut dormir en chacun de nous, si on n'y prenait garde, tapi dans l'ombre, attendant le moment de sortir au grand jour.