De nouveaux incidents ont éclaté hier entre jeunes et policiers à Lyon et Nanterre, théâtre de violences depuis plusieurs jours en marge du mouvement de protestation contre la réforme de retraites. Ces échauffourées se déroulent notamment dans les banlieues ou concernent des jeunes venant des banlieues, selon la police. Le ministère de l'Intérieur a fait état hier de 1.423 arrestations en une semaine dans tout le pays. Après une nuit calme, la tension était à nouveau palpable hier dans le centre de Lyon. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser quelque 300 jeunes se déplaçant par petits groupes dans les environs de la place Bellecour et dans le quartier de la Presqu'Ile. Les pompiers ont dû intervenir sur un début d'incendie dans un camion. Deux personnes ont été interpellées. Près de 800 hommes ont été déployés sur le terrain, principalement en centre-ville, où Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur s'est rendu dans l'après-midi. "La France n'appartient pas aux casseurs, aux pilleurs et aux caillaisseurs. Elle appartient aux honnêtes gens qui veulent travailler paisiblement", a dit le ministre de l'Intérieur, qui a essuyé quelques insultes dans la foule. Les stations de métro, de tramway et des lignes de bus ont été fermées. La place Bellecour, où déambulaient quelques groupes, était cernée par les CRS qui filtraient les allées et venues des piétons, empêchant les plus jeunes de circuler. Le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb a lancé hier matin un "appel au calme et à la responsabilité de chacun et notamment aux parents de ces jeunes". Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel s'est refusé à faire un amalgame avec le mouvement sur les retraites. "Le gouvernement sait faire la part des choses entre les inquiétudes d'une frange de la population sur son avenir (...) et ce qui relève du simple vandalisme ou simplement de l'envie d'en découdre avec les forces de l'ordre", a-t-il dit à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement. A Nanterre, une voiture a été incendiée et un véhicule de CRS endommagé lors de heurts entre un groupe de jeunes et les forces de l'ordre, a déclaré une porte-parole de la préfecture. Les jeunes ont lancé des fumigènes et des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Les incidents ont éclaté autour du lycée Joliot-Curie avant de se propager dans le centre-ville, où des vitrines ont été brisées et du mobilier urbain saccagé. Sur les 428 arrestations de mardi en France, 79 se sont déroulées à Lyon, 69 au Raincy (Seine-Saint-Denis) et 30 dans les Hauts-de-Seine, a dit Brice Hortefeux à la presse. Sur les 1.423 personnes interpellées, 1.000 ont été placées en garde à vue et 149 ont déjà été déférées devant la justice.