Raoud KHALSI - La condamnation à mort de Tarek Aziz, marquant un spectaculaire rebondissement de situation exhume l'odeur âcre de chasse aux sorcières ayant accompagné le règne de Hajjèje Ibn Youssef. C'est aussi le retour du glaive mais sans la balance, c'est-à-dire aussi la logique des règlements de compte et le tout drapé d'une simulation de justice conditionnée par ses déterminismes ethniques. Il se trouve que la Haute Cour pénale irakienne est de confession chiite. Il se trouve aussi que le premier ministre irakien Nouri Al Maliki est chiite. Et Tarek Aziz répondait de la répression, lors des années 80, contre les membres du parti chiite DAWA, fondé par Mohammad Baqr Sadr, tué avec sa sœur par la garde de Saddam Hussein le 5 avril 1980… Trente ans après, Tarek Aziz, pourtant chrétien, est rattrapé par le grand débrayage ethnique. Et, d'ailleurs, le fils de Mohammad Baqr Sadr n'avait cessé de prêcher la tolérance et la reconstruction de l'Irak, seul moyen, à ses yeux, d'honorer la mémoire de son père. A l'évidence, la logique actuelle ne prône pas la réunification de toutes les sensibilités irakiennes sous une même bannière. L'Irak exsangue, retombe en effet dans le péché historique de la division et de cette trame confessionnelle ayant distillé les haines et les répressions dans le sang. Omar Khayam disait, s'adressant à on ne sait qui : « Si tu punis le mal que je fais par le mal, quelle différence y a-t-il entre toi et moi ?». De fait, il y a à s'interroger si cette Haute Cour pénale ne juge pas l'histoire plutôt que les hommes. Et il se trouve qu'un élément essentiel a été occulté : la répression exercée par Saddam à l'endroit des chiites avait eu lieu en pleine guerre contre l'Iran. Mais au fait, qui était le principal allié de l'Irak à cette époque… ?